VivaTech: une Réalité virtuelle qui se diversifie

À Viva Technology, l’essentiel des stands était constitué d’ombrelles reposant sur des acteurs industriels français hébergeant des startups, mais certaines multinationales du numérique étaient également présentes à l’instar de Google qui déployait ses dernières technologies de réalité virtuelle et réalité augmentée conçues en interne, notamment dans une optique culturelle et/ou pédagogique.
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À commencer par le projet Life Tags qui résulte d’un partenariat avec le magazine américain Life et le moteur de recherche Google. Life a en effet mis à disposition de la multinationale 6,5 millions d’archives photographiques qui ont toutes été identifiées à l’aide d’outils d’intelligence artificielle dérivées de Google Photos. Cela a permis d’identifier et de taguer des éléments visuels à l’intérieur des clichés d’archives qui permettent d’accéder à des images d’archives via la reconnaissance d’un simple objet d’époque et d’affiner de manière très exhaustive des recherches dans l’ensemble de la base de données qui va de 1936 à 1972. Il va de soi que cette expérimentation sera élargie, à terme, aux bases de données audiovisuelles. L’ensemble de ces expérimentations est visible sur un site dédié (g.co/experiments).

 

Google montrait aussi sur Viva Tech l’état d’avancement de son programme Google Arts and Culture qui vise à établir des passerelles avec les musées et sites culturels français autour de la mise en place de prises de vues immersives et visites virtuelles du type streetview. Il faut savoir que l’équipe d’ingénieurs qui chapeaute cette activité patrimoniale de Google est basée en France.

 

Il n’est pas étonnant donc que l’on retrouve sur le stand de Viva Tech une photo très haute définition de 8 gigapixels du plafond de l’Opération de l’Opéra Garnier réalisé par Chagall. Cette photo, dans laquelle on peut zoomer à l’infini, a nécessité un peu de retouche pour effacer le lustre.

 

De même, Google montrait sa vidéo 360 degrés, réalisée récemment, au musée des Confluences à Lyon. Dans tous les cas, Google s’empresse de préciser qu’il ne dispose que d’un droit d’utilisation sur ces œuvres et aucunement un droit moral.

 

De même, Google mettait en avant quelques contenus pédagogiques de démonstration en réalité augmentée développés sur la base d’ARcore et que Google expérimente en termes pédagogiques dans des collèges américains depuis un an environ. Ces contenus consistent, pour le moment, via des marqueurs et un smartphone android, à faire apparaître un squelette, un volcan en éruption ou un ouragan.

 

Enfin, on pouvait découvrir comment, dans le cadre des 20 % de temps que les employés de Google peuvent consacrer à un projet personnel, l’un d’eux, Jean de Salins, avait récemment passé trois semaines à bord du voilier de la Tara Fondation qui sillonne les océans en menant des expériences scientifiques et donné naissance à 360 Sea View, un film à 360° montrant la vie à bord de ce voilier taillé pour toutes les mers du globe. Le film tirait notamment profit des possibilités de l’outil d’édition de vidéos 360° interactives de Google adapté à une sortie sur un masque Daydream équipé d’une manette.

 

 

VR corporate, pédagogique et… thérapeutique

Toutefois, le casque VR le plus convoité pour les démos vidéo était sans aucun doute le tout dernier Facebook Occulus One qui faisait son apparition dans les allées de Viva Tech avec de nouveaux contenus qui lui étaient spécialement dédiés.

 

La jeune agence de communication VR Academie montrait, par exemple, des contenus corporate utilisant de nombreuses ressources en motion design qui font désormais le plus bel effet avec ce casque grand public au confort véritablement supérieur aux casques de sa catégorie.

 

De manière plus poussée, une habituée de la VR, l’agence Blumenlab était, quant à elle, sur le stand ombrelle de la SNCF pour faire essayer, sur plate-forme HTC Vive, un nouveau contenu pédagogique qu’elle venait de concevoir pour les techniciens de maintenance du groupe ferroviaire. Blumenlab a mobilisé tout son savoir-faire pour développer un outil de simulation basé sur des vidéos interactives faisant appel à certains endroits à des images de synthèse. Comme à l’accoutumée, Blumenlab propose cette expérience via un simple navigateur web (en mode WebVR), ce qui la rend particulièrement adaptée à un usage à grande échelle multi-plates-formes.

 

Viva Tech était aussi l’occasion de découvrir des usages plus singuliers de la VR, comme avec la startup Healthy Mind, originaire de Strasbourg qui produit des paysages virtuels en images de synthèse à vocation thérapeutique. Constituée autour de trois jeunes gens aux compétences complémentaires dans le domaine médical et de la conception 3D, Healthy Mind a déjà trois paysages 3D à son actif : un paysage de montagne, forêt… Les paysages virtuels reposent sur des principes psychologiques comme la colorthérapie, l’induction du rythme cardiaque et des principes hypnotiques. Dans les expériences thérapeutiques de Healthy Mind, les patients peuvent choisir entre un mode contemplatif ou interactif.

 

 

Le sens du toucher en VR

GoTouchVR, de son côté, est une startup basée à Villeneuve-d’Ascq qui a développé VRtouch, un produit basé sur un capteur haptique (basé sur le toucher) permettant de disposer du sens du toucher avec une grande précision lors d’une expérience en réalité virtuelle.

 

Le VRtouch a été inventé par quatre docteurs experts en haptique, développement de logiciel et mécatronique. Après un prototype imprimé en 3D et présenté au CES Las Vegas en 2017, ils ont décidé de développer un produit industrialisable et commercialisable à grande échelle.

 

Applicables sur un ou plusieurs doigts à la fois, ces petits « piezos » sont totalement paramétrables, de sorte qu’ils s’adaptent à une grande variété d’expériences VR. Surtout, ces « senseurs », tout en offrant des sensations plus précises, sont beaucoup moins coûteux que les traditionnels gants haptiques.

 

La startup des Hauts-de-France propose aujourd’hui VRTouch en parallèle de ses propres expériences qu’elle produit en VR. Elle a notamment conçu un simulateur de vol dans lequel on dispose d’un vrai retour de force sur les manettes et boutons enclenchés. Sur Vivatech, GoTouchVR montrait une expérience où l’utilisateur apprend à faire des percussions avec un certain réalisme dans le monde virtuel.

 

 

L’holographie pointe son nez

Depuis quelques temps déjà, on voit poindre régulièrement des vitrines holographiques de petite taille en forme de pyramide translucide installées sur un piédestal. Elles sont destinés généralement à faire la promotion d’un produit, voire parfois à permettre la découverte d’une œuvre d’art en trois dimensions suspendue dans l’espace de ces mini-pyramides.

 

La société parisienne Orbis, présente avec un tel dispositif sur le stand ombrelle LVMH, s’est fait une spécialité de ce genre de vitrine holographique pour l’exposition de montres de luxe. Au travers d’autres dispositifs de projection holographique comme une hélice, Orbis montrait également toute l’étendue des supports de projection flottant dans l’espace disponibles à ce jour. À noter que pour la partie conception des objets 3D holographiques, Orbis est associée depuis 2017 avec le studio Cube Creative.

 

 

Des performances graphiques inégalées pour les datacenters

L’univers de la 3D va très bientôt connaître une nouvelle révolution graphique. C’est du moins ce que promettait à VivaTech le spécialiste mondial des cartes graphiques Nvidia sur le stand ombrelle de HP. En effet, Nvidia montrait sur le stand de son partenaire les capacités de sa nouvelle carte Tesla v100 utilisant la technologie du Ray Tracing Rendering. Preuve à l’appui sur des images 3D, le résultat était bluffant.

 

La Nvidia Tesla V100 est le GPU pour data center le plus avancé au monde. Il a été conçu pour accélérer les workflows IA, HPC et le rendu graphique. Accéléré par l’architecture Nvidia Volta et équipé de 16 Go ou de 32 Go de mémoire dédiée, cette carte délivre les performances de 100 CPU au sein d’un seul GPU. Avec ses 43 000 cœurs Tensor, Tesla V100 est le tout premier GPU à faire tomber la barrière des 100 TOPS (téra-opérations par seconde) de performances Deep Learning.

 

 

L’audiovisuel classique continue d’innover

L’audiovisuel traditionnel se marie aussi encore et toujours avec l’innovation et avait sa place dans un salon comme VivaTech, au travers notamment d’une solution comme Rocamroll, conçue par une société grenobloise composée par des spécialistes du traitement du signal et de l’intelligence artificielle.

 

Rocamroll est une solution logicielle fonctionnant sur une base PC standard capable de gérer automatiquement les changements de plans et de diapositives lors d’une captation vidéo à l’aide de caméras tourelles. Dès lors, le soft assure le changement de plan ou l’insertion de la nouvelle slide au sein du live.

 

Rocamroll peut aussi être configurée pour assurer le suivi automatique d’un locuteur. La solution complète est fournie dans une valise avec trois caméras tourelles déjà paramétrées. Mais, moyennant un développement supplémentaire, elle peut aussi s’adapter à n’importe quelle caméra PTZ.

 

Rocamroll est commercialisée sous forme d’un abonnement mensuel avec un engagement de six mois minimum. « Les prix d’un mois de location de la station Rocamroll sont équivalents, selon l’un de ses fondateurs Thierry Cravoisier, à une journée de prestation habituellement constatée sur le marché de la captation vidéo Live. »

 

Rocamroll vise en priorité le marché de la formation en présentiel et e-learning, les espaces de congrès et créateurs d’événements.

 

 

* Article paru pour la première fois dans Sonovision #12, p.44/45. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder, à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.