Retour sur l’ISE 2018 : tendances, automation et écrans LCD

Depuis de longues années, on parle du rapprochement de l’audiovisuel et des réseaux. Chacun a vu ce rapprochement se faire, aussi bien au niveau des interfaces utilisateur, de plus en plus sur ordinateur, mais aussi au niveau des interconnexions audio sur IP, et maintenant vidéo, sur ces mêmes réseaux. Aujourd’hui sommes-nous toujours dans un rapprochement ou à la phase d’intégration dans les réseaux ? L’audiovisuel est-il en cours de dissolution dans le réseau informatique ? Même si cela en perturbe quelques-uns, il est temps de voir la réalité en face. L’audiovisuel fait partie du giron des réseaux et ressortit donc de plus en plus de la responsabilité de l’IT dans l’entreprise.
1-TendancesAutomationLCDMain.jpeg

 

Tendances

À la suite des nouveautés de transport vidéo sur IP dont nous parlions dans le compte rendu de l’ISE de l’an dernier, après donc une année, l’on constate que les fabricants ont effectué un long travail d’évangélisation pour porter la bonne parole sur l’intérêt de ce type de technologie. Ce qui permet de constater aujourd’hui un décollage des ventes et l’apparition des premières réalisations. Nous détaillerons donc ces évolutions.

Autour de la projection, une évolution nette est apparue au niveau des utilisations des projecteurs en entreprise. Les constructeurs voient leurs ventes de petits projecteurs diminuer fortement au bénéfice des écrans plats. Les utilisateurs sont de plus en plus prêts à sauter le pas de la différence de prix pour un meilleur service, avec un meilleur contraste et une excellente définition, pas toujours au rendez-vous avec de petits projecteurs dans l’ambiance éclairée d’une salle de réunion et sur des toiles d’écrans plus toujours très blanches.

Nouveauté, par une offre très diversifiée cette année, sur les écrans tactiles type tableau blanc. Ou autrement dit, un écran LCD avec surface tactile et des applications de dessin, d’écriture, de partage des contenus et affichage de sources extérieures sans fils. En fait, l’écran interactif sort de la salle de réunion ou de la classe pour devenir un outil d’échange graphique avec un ou plusieurs sites distants. C’est le cas avec le Jamboard de Google/BenQ – concept Google, fabrication et distribution BenQ. Mais aussi, Crestron avec Airboard, Nec avec Infinity Board… On retrouve là des fonctionnalités réduites, mais assez dans l’esprit de MultiTaction par exemple (voir plus loin). L’échange voix et image simultané étant géré à part, par une visio ou un skype, la question de la normalisation de ces systèmes au niveau des échanges se pose, car si une entreprise s’équipe d’une marque, comment échanger avec un fournisseur ou un client sur un projet si les systèmes ne sont pas compatibles ? C’est faire le travail à moitié. On a connu cela au début de la visioconférence, il est nécessaire d’effectuer le même travail de normalisation pour ces nouvelles technologies.

Les écrans en dalle de Led, autrefois confinés aux affichages de grandes dimensions, tels que dans les stades, viennent aujourd’hui bousculer toutes sortes de secteurs par le fait que la résolution est devenue si bonne que les murs Led peuvent trouver des applications partout. Option proposée pour les salles de contrôle de prestige par Mitsubishi et Eyevis, mais aussi écran de cinéma actif, qui tend à supprimer, à terme, les projecteurs D-Cinéma dans les salles obscures, par Samsung, ou enfin, offre à très petit pitch pour des salles du conseil, par Samsung, Sony et d’autres. Les écrans à Led n’ont manifestement plus de complexes sur leur finesse de pixel ou leurs qualités d’assemblage mécanique des tuiles. Ces tentatives convergentes, mais encore timides pour le moment, montrent la direction de l’avenir.

Avec l’apparition des écrans LCD et projecteurs en 4K, la première réaction était de 
dire qu’il n’y avait pas, ou très peu, de source d’image dans cette résolution. C’est désormais un avis à reconsidérer ; les pages suivantes permettront de voir apparaître toutes sortes de sources, de processeurs, de commutateurs et de modules de traitement parfaitement capables de gérer des images 4K.

Avec encore une augmentation de la fréquentation et du nombre des exposants, dépassant aujourd’hui le millier, l’ISE ajoute chaque année un nouveau hall d’exposition pour absorber son expansion. Les quatre jours ne sont pas de trop pour approfondir l’ensemble des technologies présentées. Ce compte rendu va, autant que possible, détailler ces impressions, par les éléments que nous avons collectés sur les nouveautés présentées à Amsterdam.

Chaque année on le dit, je le répète donc à nouveau, si votre centre d’intérêt est l’audiovisuel d’entreprise, de spectacle, de formation, de muséographie, de résidentiel, etc., venez à l’ISE, c’est un salon exceptionnel, le plus grand au monde dans sa catégorie, mais préparez votre planning sinon vous serez perdu ! Le salon est grand… trop grand ?

 

Automation

De plus en plus de constructeurs de matrices vidéo ou de processeurs audio se trouvent un intérêt soudain pour l’automation. Atlona, avec Velocity, propose un système d’automation aussi simple que possible, avec écran tactile et un petit module de pilotage. Une large librairie de drivers permet de prendre en charge les contrôles. L’installateur est canalisé par le logiciel pour construire son système avec le minimum de connaissances. QSC  vient compléter son offre d’automation basée sur leurs processeurs audio série Core, avec désormais plusieurs écrans tactiles de différentes tailles. Lightware, autre constructeur de grilles et transport vidéo, se lance dans une offre d’automation autour d’un module de commande, sans interface utilisateur, uniquement basé sur la détection de signaux vidéo, pour déclencher des événements dans l’environnement. Par exemple, la connexion d’un ordinateur sur une prise HDMI, active l’écran ou le projecteur, et commute la grille pour que le signal soit correctement affiché. C’est l’automation invisible. Chez des constructeurs plus traditionnels, on découvre une nouvelle gamme de trois mini automates, série MPC-3 chez Crestron, qui viennent remplacer la gamme MPC série 2 précédente. Avec un look rajeuni pour les marchés de la salle de classe ou de réunion simple, à partir de 650 €.

Harman lance Incite, avec trois modèles, des tout-en-un, matrice vidéo, processeur audio, et automate. L’outil permet de gérer une salle de réunion dans son ensemble. Harman fait là participer ces entreprises : l’automation et la commutation par AMX, le traitement du son par BSS et DBX et l’amplification par Crown.

Kramer poursuit son développement sur l’automation avec l’introduction de Brain, références SL-280 et SL-240, des racks automates comportant l’intelligence et les interfaces IP/ RS/Relais/IO, etc. Le tout en association avec de nouveaux écrans tactiles de 7’’, KT107 alimentés en PoE. En complément pour délocaliser les contrôles, Kramer lance une gamme de modules, IP vers RS et IR, IP vers relais, IP vers I/O. C’est un pas pour Kramer qui, entré par la petite porte sur ce marché de l’automation, fait petit à petit sa place au soleil.

Sur le plan logiciel, Crestron  lance Xio Edge, un logiciel de gestion de parc d’équipement d’automation pour l’entreprise. Ce logiciel sauvegarde les programmes en liaison avec les numéros d’adresses Mac des appareils. En cas de remplacement d’un produit, celui-ci peut être mis à jour automatiquement et permettre une reprise rapide de l’exploitation. Ce programme, destiné aux services informatique, rend l’entreprise autonome sur son parc d’équipement. Une version Xio Cloud, assure la sauvegarde externe, sur le Cloud Azure de Microsoft pour un loyer de 3 €/mois/appareil. Fonction peut-être un peu coûteuse, alors que les incidents sur ces appareils sont très rares, en tout cas plus rares qu’une évolution de salle, pour de nouvelles fonctionnalités.

 

Écrans LCD

Sur les écrans LCD et Oled, les nouveautés sont nombreuses. On voit apparaître de plus en plus de formats d’écran spéciaux, dont
 les applications sont hors de la diffusion d’image vidéo classique, mais plus dédiés
 aux espaces de vente, et d’information.
 Petits bandeaux chez BenQ en BH2501 25’’
1 920 x 192, BH2801 28’’ 1 920 x 360, BH3801 38’’ 1 920 x 600 pour information de tête de gondole par exemple, un logiciel spécifique permet la composition des séquences d’image et un Android embarqué assure la diffusion de façon autonome. Grands bandeaux chez LG, plus de deux mètres de haut pour moins de 50 centimètres de large (pas d’information chez LG). Toujours en formats spéciaux, LG produit un écran double de 88’’, l’équivalent de deux 50’’ côte-à-côte ; attention, c’est un ratio de 32/9.

LG maîtrise désormais les tailles usuelles d’écran en technologie Oled. Avec une profusion de versions, en double face, avec électronique déportée pour montage en vitrine, ou en version transparente, etc. Le clou du stand était une projection massive sur 60 écrans de 55’’ courbes qui donnaient réalité à une vue des chutes du Niagara. Chez LG, à noter, pas de références, pas de caractéristiques, pas d’informations.

L’une des pièces maîtresses du stand LG était sa signalétique Oled transparente de 55’’ placée à l’entrée.
 Son ambitieux dispositif « LG Oled Canyon » présenté pour la première fois au CES 2018 était également au rendez-vous avec ses 246 écrans 55” Open Frame Oled offrant une expérience de visionnage des plus immersives.
 La technologie Oled de LG utilise des pixels auto-éclairés qui lui assurent un réglage plus précis de la luminosité et une qualité d’image impressionnante. L’absence de source lumineuse séparée permet de produire des écrans légers, fins et flexibles, ce que ne permettent pas les écrans LCD et Led. La maîtrise de cette technologie a permis à LG la création d’un éventail
 de solutions d’affichage haut de gamme innovantes restituant un rendu parfait
 du noir et des couleurs incroyables… LG reste cependant toujours actif sur les territoires technologiques de la dalle IPS et du Led puisque le constructeur propose des moniteurs Ultra Strech UHD/4K conçus présenter l’information avec de nouvelles approches éditoriales ou des écrans High Brightness adaptés aux exigences de l’affichage extérieur.

Eyevis présentait en prototype un écran Oled de 50’’, dont la nesse du châssis mécanique était juste impressionnante. Les écrans plats vont continuer à être de plus en plus plats. Souvenez-vous de vos premiers écrans plats, ils paraissent bien épais aujourd’hui avec leurs 6 à 8 cm d’épaisseur et leur lourd châssis en métal. Globalement la quantité d’écrans tactiles, de toutes tailles, présentés sur le salon est telle, que l’on se demande si cette fonction ne va pas devenir standard sur certaines gammes.

Particularité chez Sony, que ceux-ci mettent en avant, une fonction disponible sur tous les écrans Bravia de la marque, qui ont la fonction de se mettre en route et de commuter automatiquement lors de la connexion d’un appareil sur une prise HDMI, même si l’écran diffuse déjà une autre source. Fonction à activer dans les menus de préférence. Dernier arrivé, premier servi. Dans le cas d’une huddle room, cette fonction permet de fonctionner de façon autonome pour les utilisateurs. Pas de contrôle, pas de télécommande, simplement un câble sur la table, on se connecte, pour activer l’écran, on se déconnecte pour arrêter l’équipement.

Delta, actionnaire de Vivitek, présentait également un ensemble d’écrans LCD. Parfaitement adapté pour l’affichage intérieur dans un lieu public, un centre de commandement ou encore une plate-forme de contrôle, la série FE propose des moniteurs grand format modernes et profilés composés de pitchs de 1,26, 1,58, 1,9 et 2,5 mm, chacun étant calibré pour garantir des couleurs lumineuses et homogènes sur tous les écrans. Avec cette nouvelle gamme, Delta Display souhaite faciliter la customisation d’un mur d’images, quelles que soient la configuration du lieu et la finesse des pitchs. En effet, chaque panneau Led est disponible dans des tailles prédé nies allant de 110 à 220’’ en Full HD et de 220 à 440’’ en UHD, avec un ratio 16/9 correspondant au standard utilisé par la majorité des sources de diffusion de contenus, évitant ainsi de reformater ou redimensionner les images. Afin de proposer un spectacle visuel immersif, il suffit d’associer plusieurs panneaux de la série FE pour créer un mur d’images avec de multiples angles de vision à courte distance. Chaque panneau est composé de points de contacts permettant l’installation côte à côte de plusieurs modules en toute transparence, offrant un affichage homogène avec des couleurs précises, uniformes et lumineuses, le tout sans altération dans le temps. Pour simplifier toujours plus leur utilisation et surtout le rendu visuel, les panneaux de la série FE sont équipés d’un capteur leur permettant de s’adapter automatiquement à la lumière ambiante pour garantir une image brillante et lumineuse quelles que soient 
les conditions d’éclairage (sombre, froid ou chaud).

La société BenQ développe les écrans interactifs, tactiles, et interactifs et tactiles. Une gamme capable de fonctionner en 24/7 avec plusieurs tailles de dalles, dont 49” et 55”. XSign est un applicatif développé par BenQ pour créer des contenus et les diffuser. Il est possible de charger les contenus sur l’écran par USB ou en réseau ou via le cloud. L’application X Sign 2.0, présente sur un serveur local, peut gérer jusqu’à quinze écrans. Cette application est une suite logicielle qui comprend XSign Designer et XSign Player. L’application gère directement la taille des bords des écrans et adapte le contenu en fonction ; elle peut prendre en compte également des écrans atypiques de type allongé et étroit. BenQ propose une gamme d’écrans à bord fin de 3,5 mm en 49 et 55” et 1,8 mm en 55” (BenQ PL553). Il est possible de chaîner jusqu’à quatre écrans si la source est en 4K. Il existe deux modèles destinés à l’affichage grand format, 75” et 86”, en mode portrait et paysage. Ils ont des chassis en métal et sont UHD.

Dans la gamme des écrans, un modèle UHD sous Android RP 750 K avec vingt points tactiles, un lecteur NFC. Il est possible d’avoir un contrôle d’accès en NFC et ainsi de personnaliser les profils des utilisateurs, mais aussi de disposer d’un espace de stockage personnalisé. Le stockage peut se faire dans la mémoire intégrée dans l’écran, mais il y a la possibilité d’insérer un PC dans l’écran.

Instant Qshare permet à des périphériques de collaborer et d’avoir un retour d’interactivité sans fil. Après une session, il est possible de flasher le QR Code pour récupérer les données. L’utilisateur peut enregistrer une heure de vidéo (cela fonctionne comme une capture d’écran) et si une caméra est branchée, l’audio du microphone s’enregistre avec la vidéo.

Le fil rouge de l’année pour Philips, c’est Android qui se généralise dans toute la gamme des écrans avec, au final, la possibilité d’accueillir des solutions tierces dans le socle des affichages. La gamme Led du constructeur, qui se décline aujourd’hui du 27 au 55’’, devient une référence standard avec, en plus, une offre d’affichage de 110’’ rendue possible via le regroupement de quatre écrans 27’’. Par ailleurs, on note l’arrivée d’une nouvelle série Q UHD, disponible de 49 à 86’’ (et fonctionnant bien évidemment sous Android !). Celle-ci a été développée pour répondre à l’explosion de la digitalisation sur les points de vente, mais se taille également une belle part de marché dans le secteur du Smart Building… Philips propose aussi un intéressant écran 75’’ tactile T-Line UHD avec une approche multipoints sur dix zones simultanées. Il peut afficher des contenus provenant de quatre entrées différentes via QuadViewer, une application idéale pour les salles de commande, les bureaux et les salles de réunion. Polyvalent, cet écran se transforme en solution d’affichage numérique tout-en-un grâce à son emplacement OPS (Open Pluggable Specification) qui offre la possibilité d’ajouter un lecteur multimédia standardisé… Si la luminosité de cet écran est de 410 cd/m2, Philips propose également, c’est aussi une nouveauté, un écran ultra lumineux de 75’’ dont la luminosité est de 3 000 cd/m2 et un écran de 55’’ à 2 500 candelas.

Du côté des écrans HD, Panasonic lance la série tactile multipoints AF1-SST, avec une offre de 42, 49 et 55’’. Ces écrans robustes, qui intègrent la plate-forme OpenPort, seront parfaits pour le Digital Signage interactif. Concernant la production audiovisuelle, on notera le lancement du pupitre NDI AV-HLC 100 dédié à la production IP live, à utiliser avec le nouvel environnement de caméras PTZ NDI I HX, des caméras PTZ 4K Panasonic de très faible latence.

 

* Extrait de l’article « Compte-rendu ISE 2018 » paru pour la première fois dans Sonovision #11, p.32-58 Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder, à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.


Articles connexes