Cet engouement pour cette forme de diffusion, Jean-Jacques Quinet, fondateur de Studio 5 sur 5, le constate avec la vague du podcast natif et surtout l’envolée spectaculaire du livre audio, une prestation que le studio belge assure, depuis une dizaine d’années, en parallèle à son activité muséographique (musée Red Star Line, spatialisation musicale pour le musée juif à Bruxelles, ambiances sonores au musée didactique de l’art à Redu).
« Nous sommes passés, en un an, de 25 à 70 titres. On note également que le public du livre audio est de plus en plus jeune. » Aussi, n’est-il pas surprenant que plusieurs entreprises et start-up soient venues au Sitem présenter à leur tour cette expertise.
Connue dans la production sonore pour l’entertainment (jeu vidéo, serious game, simulateurs, fictions VR) et la localisation, la société angoumoisine G4F aborde le patrimoine avec des interventions remarquées au château de Chambord, au musée Grévin… Autant de parcours en réalité augmentée réalisés au moyen de l’Histopad, un outil développé par Histovery, pour lesquels G4F conçoit toute la partie sonore (sonorisation, sound design…) y compris la localisation en plusieurs langues. « Le contenu linéaire de l’audioguide peut être remplacé par un contenu sonore plus scénarisé et immersif tout en conservant l’aspect multilingue », remarque Vincent Percevault.
Pour Akken, une start-up incubée par le CMN, le média sonore possède un pouvoir évocateur qui ne demande qu’à être exploité. Lauréate du Start-up contest du Sitem en 2018, la start-up a choisi de porter le son dans les objets du quotidien. Après les Parapluies connectés qui ont donné lieu à plusieurs balades sonores en stéréo géolocalisées (avec la Communauté urbaine de Caen-la-Mer, etc.), le Confident connecté, en forme de siège, est prévu pour s’adapter à une banquette de musée. Après le musée d’Art de Nantes qui l’a testé lors d’un événement en 2018, ce sera au tour du château de Vincennes d’expérimenter l’objet sonore (au début de l’été 2019).
« L’objet connecté et sa technologie embarquée viennent se nicher en toute discrétion dans le quotidien pour permettre à l’expérience de surgir de manière inattendue », décrit Laurence Giuliani, dirigeante d’Akken. « L’objet permet ainsi de rendre l’expérience sonore plus tangible. »
Pour Narrative, pour la première fois au Sitem, le son peut donner lieu à des expériences de type cinématographique. Depuis trois ans, l’agence met en avant ses narrations en réalité sonore augmentée qu’elles soient proposées sous la forme de séries in situ (« Ça s’est passé ici » qui raconte l’histoire dans la ville avec Faire Savoirs), de podcasts (Fous de Lune, Chronique d’un fantasme pour la RMN-Grand Palais), de visites immersives en son binaural (avec le compagnon de visite réalisé par Mazedia pour l’abbatiale à Saint-Savin). Et surtout de balades sonores comme pour l’abbaye de Fontevraud ou, récemment, le château de Vaux-le-Vicomte.
Spécifiquement créées pour le lieu, ces deux visites (« L’Affaire Fouquet » pour le parcours adulte et « La fabuleuse histoire de Vaux » pour le parcours jeunesse), enregistrées sur place et en son 3D, font résonner l’histoire. À Vaux-le-Vicomte, le visiteur plonge ainsi dans l’histoire de Nicolas Fouquet, Le Nôtre, Molière et Vatel. Il est équipé d’un casque audio Focal et, en bandoulière, d’un petit lecteur audio à écran tactile qui déclenche les séquences en fonction des balises. Robuste et discret, celui-ci a été spécialement adapté par le fabricant RSF pour diffuser du son 3D : « Il est très important, dès qu’il est question de son, de proposer un objet incarnant cette expérience », constate à son tour Laurence Bigot, cofondatrice de Narrative.
Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #15, p.12-18. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder, à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.