Retour d’ISE 2016 – Transport, distribution et conversion des images

Suite de notre compte rendu de l’ISE 2016 (Amsterdam RAI, 9-12 février) qui, sans avoir la prétention d’être exhaustif, vous fait partager les points clefs et les tendances du secteur. Place ici au transport, à la distribution et à la conversion des images.*
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Le transport sur paires torsadées

Le standard HDBaseT se généralise sur tous les produits destinés à traiter l’image informatique : déports, panneaux de raccordement, vidéoprojecteurs, sélecteurs/scalers et même sur certains écrans LCD. Souvent les prises HDMI sont dédoublées HDBaseT en entrées et en sorties de manière à laisser le choix du câblage en fonction de la distance. Ainsi le sélecteur Atlona AT-UHD-CLSO-612ED, équipées de six entrées 4K, 2 HDMI, 2 VGA et 2 HDBaseT. Sorties en parallèle sur HDMI et HDBaseT.

On trouve également sur de nombreux stands des convertisseurs HDMI vers HDBaseT avec des départs multiples en HDBaseT (en général quatre), manière élégante de réduire le nombre de boîtiers et les câblages.

Crestron a présenté deux transmetteurs Digital Media TM-TX-4K-202C (deux entrées HDMI 4K) et TM-TX-4K-302C (deux HDMI 4K et une entrée VGA). Il accepte les images 4K à 24 et 30 images/sec en 4:4:4 et UHD à 30 et 60 images en 4:2:0. Le système transporte de bout en bout la protection HDCP 2.2 sur une longueur de 100 m. Pour les « huddle room » ou les salles de classe, le kit HD-MD-400-C-E comprend un transmetteur à trois entrées : deux HDMI et une VGA en HD, ainsi qu’un récepteur avec entrée HDMI locale pour une autre source fixe ou un récepteur sans fil comme le modèle AM-100 de la marque. La sélection des entrées est automatique et la configuration se fait via une page web pour une mise en route et une exploitation simplifiées.

 

Le transport sur fibres optiques

Les systèmes de transport sur fibres optiques se développent comme chez Opticis avec un extender DisplayPort, le DPFX-200-TR. Chez Opticom un transport sur FO en DisplayPort 1.2a 4K/60 Hz sur 100 m. Dans ces deux cas, il faudrait plutôt parler de câbles, les convertisseurs actifs ayant la taille d’un gros connecteur HDMI. Kramer propose également le même genre de liaison avec connecteur détachable 4K UHD sur 100 m en 30 Hz 4:4:4 ou 60 Hz 4:2:0.

Barnfind Technologies conçoit des interfaces FO modulaires en tout genre, basées sur des modules SFP. Il propose également des transports HDMI sur FO, y compris en boîtiers HDMI autonomes.

 

Le transport en IP

Les technologies IP envahissent petit à petit l’ensemble des systèmes de communication électronique. Jusqu’à présent, pour transmettre de la vidéo en IP, il fallait passer par des technologies de streaming impliquant compression avec une dégradation des images et surtout un retard dans leur restitution. Avec la montée des débits des infrastructures réseau, les 10 Gb/s deviennent habituels et bientôt arriveront les 40 puis les 100 Gb/s. Conséquence pratique, comme pour la production vidéo Live, on peut envisager le transport des images vidéo et informatiques dans leur résolution initiale et sans compression sur un réseau IP.

Aptovision, un fabricant canadien de chips de conversion, a mis sur le marché des circuits adaptés à cette conversion en IP pour des images 4K. Aurora a dévoilé avec IPBaseT une gamme de convertisseurs avec deux entrées HDMI (plus sortie locale), l’un adapté au réseau cuivre et l’autre en fibre optique. Comme les déports classiques, il transporte aussi les signaux audio, IR et RS-232. La société annonce pouvoir mettre en place une matrice virtuelle de 128 par 128.

DVIGear lance de son côté le DisplayNet, une technologie similaire et annonce des distances de 100 m en cuivre et 30 km en FO. ZeeVee propose le Zyper4K et Blackbox le MediaCentro IPX. De son côté AMX a présenté SVSI, une architecture de matrice virtuelle et un ensemble de produits de transports en IP, mais avec le choix du mode de compression, H.264, Jpeg2000 et un algorithme propriétaire avec une latence limitée à une image.

Toujours dans le domaine du transport IP, Kramer a annoncé Kramer Network, une architecture complète de transport image et son basée sur l’IP. Les signaux sont convertis en streaming H.264 et en Dante.

 

Les réseaux audio IP

L’audio en réseau s’est un peu cherché après les premières solutions Ethersound, CobraNet, etc. qui ont montré leurs limites. Les nouveaux modes de codage semblent prendre désormais une position prépondérante sur le marché.

Audinate, créateur du protocole Dante, fournit en OEM tous les constructeurs audio exploitant ce protocole, ce qui garantit une compatibilité directe entre les équipements de marques différentes.

L’AVB, de son côté, se développe plus lentement, nécessitant une mise en œuvre individuelle pour chaque constructeur et, en conséquence, une opération de certification par l’AVnu Alliance. Plus puissant sur le papier, l’AVB est aujourd’hui dépassé en nombre de produits compatibles par rapport à Dante. Mais les choses peuvent évoluer…

À noter : Attero Tech propose des modules interface Dante vers audio analogique et analogique vers Dante, ainsi qu’un outil de monitoring Dante. Chez Yamaha, tous les produits sont désormais interfacés de façon native en Dante : les consoles QL1, les processeurs MTX MRX et les amplificateurs XMV.

Les produits de BSS, dont les célèbres processeurs Blu, sont désormais disponibles en version Dante, comme de nombreux autres produits Harman. Focusrite propose pour sa part le module AM2, module de monitoring stéréo pour signal Dante, équipé de sorties ligne et casque avec réglage de volume individuel.

 

Les sélecteurs-scaler et convertisseurs

Dans le domaine des sélecteurs-scalers, des matrices de commutation et des déports sur paires torsadées, on constate que les informations sur les interfaces HDMI deviennent plus précises. Jusqu’à présent, les constructeurs annonçaient du HDMI sans aucun détail sur la version et il fallait insister pour obtenir des données sur la résolution et le taux de rafraîchissement. Cette année, lorsqu’il s’agit de UHD ou de 4K, ils apportent des éléments sur la fréquence image – 30 ou 60 images – et l’échantillonnage couleur. Et nombre de produits sont proposés en mode 4K 60p 4:2:0.

Plusieurs constructeurs vont plus loin, comme Lightware qui annonce pour l’automne une matrice HDMI 8 x 8 en 4K UHD à 60 Hz en 4:4:4 et un débit de 18 Gb/s par port. Pour dépasser les limites du HDMI, beaucoup de produits sont disponibles avec des sorties DisplayPort 1.2.

Analog Way est venu à Amsterdam pour présenter le convertisseur VIO 4K. Lequel est équipé en base de sept entrées acceptant du Dual-Link DVI, du DisplayPort, du HDMI, du 6G SDI, un module optique et une entrée analogique universelle. Doté de circuits de traitement performants, il est capable de fournir les images dans une multitude de résolutions jusqu’au 4K, 30 Hz 4:4:4. En option, il reçoit une carte audio additionnelle et une carte de traitement des signaux 4K 60 Hz 4:4:4. Les sorties (double ou triple) sont configurables dans des résolutions spécifiques au pixel près pour s’adapter aux murs à Led de toutes dimensions et avec des orientations de 0°, 90°, 180° et 270°. La console de pilotage événementielle Vertige passe en version 3.0. Outre le contrôle complet de la gamme LiveCore du constructeur, elle est capable de piloter en IP des équipements externes comme des matrices Extron, Lightware ou Kramer, ainsi que la gamme Blackmagic.

Kramer élargit sa vaste gamme de produits avec une matrice HDMI 4K en 6 x 2, sous la référence VS-62HA, des matrices HDMI et HDBaseT 4K 60 Hz, 4:2:0 avec le modèle Kramer VS-44DT. Également un sélecteur-scaler VP-558 11 x 4 HD, six entrées HDMI, six en HDBaseT, 1 VGA, et un switcher 4 USB, chaque sortie dédoublée HDMI et HDBaseT.

 

L’affichage dynamique

Comme chaque année, l’affichage dynamique reste un thème majeur d’ISE, qui accueille plus de 400 exposants répartis sur presque deux halls. Parmi les nombreuses nouveautés, on relève quelques tendances fortes : la généralisation du HTML5, des outils migrant vers le cloud, l’ajout de nombreux modes d’interaction avec le public.

L’affichage dynamique ne se limite plus à un système d’affichage passif, mais offre une interaction avec le spectateur ou le client en train de regarder le contenu : détecteur de présence, écran tactile, puces NFC, bornes beacon… De plus en plus de players sont intégrés aux écrans eux-mêmes de manière à limiter les câblages et l’encombrement grâce aux slots des moniteurs. Les players les plus puissants offrent des contenus affichés en 4K à 60p en mode 10 bits sur une connectique HDMI 2.0. On remarque aussi la présence d’entrées HDMI sur les players de manière à raccorder une source locale de contenus (ou éventuellement de secours), un décodeur externe ou à associer des contenus provenant d’un autre réseau de diffusion.

Les éditeurs d’outils de conception d’affichage dynamique facilitent le travail des rédacteurs de contenus en proposant des modèles pré-dessinés sur abonnement comme chez BrightSign avec les BrightPlates.

 

* Extrait de notre compte rendu de l’ISE 2016 paru en intégralité, pour la première fois, dans Sonovision #3, pp 38-47.  Cet article est publié en quatre parties sur notre site web : Les technologies d’affichage (1), Transport, distribution et conversion des images (2), Les outils collaboratifs (3) et la vidéoprojection (4). Abonnez-vous à Sonovision pour recevoir, dès leur sortie, nos articles dans leur totalité.


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