Zoom est une marque bien connue des musiciens, en raison de sa large gamme d’enregistreurs portables compacts d’un bon rapport qualité/prix. Elle l’est un peu moins des professionnels de l’audiovisuel et des créateurs de contenus audio pour des podcasts ou des flux live. Avec le PodTrak P8, Zoom s’adresse spécifiquement à ces utilisateurs qui ont besoin d’un outil versatile, transportable, pratique, d’une bonne qualité audio et simple à utiliser.
Fonctionnel et opérationnel
Le PodTrak P8 ressemble à n’importe quelle console de mixage avec six entrées microphones en XLR sur le dessus. Comme son nom l’indique, le P8 peut enregistrer huit pistes simultanément et autorise donc deux entrées supplémentaires : une pour une source audio analogique externe, comme un smartphone et l’autre pour l’un des 36 jingles programmables dans la machine elle-même. Ces virgules musicales sont commandées par neuf pads dotés de Led de couleurs réparties sur quatre couches. Par défaut, le P8 dispose d’effets préprogrammés, comme des applaudissements, mais chaque touche peut être affectée à un fichier situé sur la carte mémoire amovible.
Côté formats, le P8 est assez monomaniaque, c’est-à-dire qu’il accepte et n’enregistre que des fichiers WAV échantillonnés en 44,1 KHz ! Pas de 48 KHz pour les pro de la vidéo, ce qui peut paraître assez surprenant en 2022, compte tenu de la cible potentielle à laquelle s’adresse cette console. Zoom a fait le choix d’aller à l’essentiel et de ne pas offrir trop d’options à des utilisateurs novices.
Pour revenir aux sources audios, il est donc possible de connecter jusqu’à six microphones en XLR avec la possibilité d’une alimentation fantôme pour les modèles la requérant. Soulignons d’entrée de jeu la bonne qualité de la préamplification, avec un rapport signal/bruit de 70 dB permettant de connecter directement des microphones à très faible niveau de sortie, comme le fameux Shure SM-7B – bien connu des youtubeurs – qui a fait mettre un genou à terre à bon nombre de cartes son et poussé à l’achat d’un « booster » de signal.
En l’occurrence, le P8 s’en accommode fort bien sans bruit de fond audible. Noter la possibilité d’activer une fonction « Limiter » par entrée micro, qui permet d’éviter les saturations en cas de rapprochement exagéré de l’un des speakers. Il est également possible de rendre la voix plus grave ou plus aigüe et de mettre en route un compresseur/dé-esseur, qui atténue les consonnes « sifflantes » désagréables. Les techniciens les plus pointus pourront trouver ces options un peu limitées, mais c’est un choix délibéré de la part de Zoom d’aller à l’essentiel. La leçon a été tirée des utilisateurs de l’enregistreur phare H4-n, disposant de réglages avancés qui ont tendance à dérouter les utilisateurs les moins avertis.
Simplicité d’utilisation
D’une manière plus générale, le fabricant s’est attaché à ce que le P8 soit particulièrement intuitif et si simple d’utilisation qu’il puisse être mis en fonction sans avoir recours à la notice d’utilisation. Toutes les commandes passent par un écran LCD couleur tactile de 4,3 pouces de diagonale très complet. L’accès aux paramètres est immédiat, tant au niveau des sources que des options d’enregistrement.
À ce sujet, le P8 enregistre les pistes divergées sur une carte SD amovible (en format WAV et 44,1 KHz) et le mixage stéréo sur PC ou Mac, via la liaison USB-C. Le P8 est alors vu par l’ordinateur comme une carte son externe. Le canal 7 est réservé à une entrée analogique jack stéréo 3,5 mm.
On peut y connecter un smartphone ou un iPad avec un simple câble jack stéréo mâle-mâle. On peut également y connecter le petit module optionnel BTA-2 permettant de relier un smartphone en Bluetooth, pour faire intervenir un orateur à distance lors d’un direct ou pour une interview téléphonique.
Le son est d’une qualité étonnante et, pour peu que votre interlocuteur parle dans un endroit calme avec un smartphone récent, on pourrait presque croire qu’il est capté par un microphone. Une fonction « anti-retour » évite les effets de Larsen ou au correspondant de s’entendre avec un délai, ce qui est très déstabilisant.
La liaison Bluetooth induit une très légère latence qui n’est vraiment gênante que pour l’utilisation d’un instrument de musique via Garage Band iPad par exemple. On peut s’en tirer en connectant la sortie audio jack de l’iPad directement sur l’entrée analogique du canal 7.
Bizarrement, à notre premier essai, un ronflement suspect s’est fait entendre sur l’entrée analogique !? L’iPad était alimenté via un câble lightning-USB relié à un hub… Le phénomène disparaissait en débranchant le câble d’alimentation de l’iPad pour le connecter au transfo Apple !? Comprenne qui pourra !
Côté alimentation, le P8 peut être relié à un mini transfo (fourni) directement au PC via le câble USB ou quatre piles AA en cas d’utilisation nomade. Attention à ne pas dépasser les trois heures !
À l’usage, le Zoom P8 s’est révélé très intuitif et agréable d’utilisation. La qualité des préamplis permet de produire des podcasts ou des transmissions en direct de niveau professionnel. On peut regretter l’absence de réglages sur la fréquence d’échantillonnage et une finition plastique un peu « cheap » par rapport à d’autres matériels « pro », mais il ne faut pas oublier qu’on se situe dans une gamme de prix inférieure à 500 euros (ajouter 22 euros pour le BTA-2). Le rapport fonctionnalité-qualité/prix est donc excellent et propre à séduire les podcateurs/youtubeurs débutants ou confirmés. Les musiciens qui souhaiteraient des réglages plus pointus peuvent toujours se tourner vers le Live-Trak L-8 vendu 379 euros.
En résumé…
Les plus :
- Simplicité d’utilisation ;
- Qualité des préamplis ;
- Écran LCD couleur intuitif ;
- Compact et léger ;
- Prix abordable 499 €
Les moins :
- Fréquence d’échantillonnage fixée à 44,1 KHz ;
- Peu de réglages fins d’égalisation ;
- Fragilité apparente des potentiomètres.