Avec la digitalisation, l’IT (Information Technology) et l’informatique, l’intégration audiovisuelle a pris une place de plus en plus importante au sein des entreprises. « Ces dernières années, la synchronisation du monde de l’audiovisuel et de l’IT a entraîné une mutation technologique profonde et cette dynamique a fortement impacté les marchés », explique Alexandre Dugal, chef d’entreprise Axians à la Maison de l’audiovisuel.
Faisant partie de Vinci Énergies, division du groupe Vinci (acteur mondial des métiers des concessions et de la construction), Axians, qui réunit toutes les entreprises ayant un positionnement sur les métiers de l’IT, a tenu à démontrer cette mutation en grandeur réelle.
Sonovision : Quelles sont les raisons qui ont présidé à l’ouverture de la Maison de l’audiovisuel ?
Alexandre Dugal : Axians, spécialiste des technologies de l’information et de la communication (réseaux, communication unifiée, cyber sécurité…), s’est beaucoup développé (210 entreprises, 11 000 collaborateurs pour 2,5 milliards de chiffre d’affaires) notamment dans les entreprises spécialistes de l’intégration audiovisuelle. En 2015, nous étions 45 collaborateurs en France. Aujourd’hui, nos effectifs ont doublé et se montent à 94 collaborateurs répartis sur cinq sites (25 millions de chiffre d’affaires). La moitié des nouveaux venus a moins de 25 ans.
Toutes les entreprises de la marque Axians ont en commun un modèle d’entreprise à taille humaine, caractérisé par des hiérarchies assez plates et une proximité très forte avec les clients que nous accompagnons sur tous leurs projets. Notre site de Paris, qui a doublé sa superficie (700 à 1 600 mètres carrés), symbolise cette vision d’entreprise et anticipe aussi la croissance à venir. D’ici trois ans, nous avons en effet prévu de continuer notre progression pour atteindre un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros grâce à 110 collaborateurs, sur l’axe organique de la croissance…
Quelle est la particularité des marchés auxquels vous vous adressez ?
En tant qu’intégrateur audiovisuel, Axians se concentre surtout sur le marché des installations fixes. Nos projets portent essentiellement sur le corporate (aménagement de salles de réunion de sièges sociaux, auditorium, etc.) et la vidéo collaboration comme les classes virtuelles et les campus numériques (Essec à Cergy…), les centres de supervision (gestionnaires variés de réseau de transport) ainsi que les organes de sonorisation de sécurité d’espaces publics. La muséographie, qui représente pour nous un marché à part (environ 15 %), est adressée de manière sélective au travers de projets sur lesquels nous pouvons exprimer tout notre savoir-faire.
Quels sont les grands projets audiovisuels sur IP suivis par Axians ?
Le Sénat (Palais du Luxembourg), la Banque mondiale, les sièges sociaux de Groupama, Orange ou de la BNP… Pour ce dernier, dans l’un de leurs espaces spécifiques de réunion, un digital bar dans un quartier historique de Paris, nous avons aménagé à l’extérieur du bâtiment une installation de captation vidéo restituant, dans la salle, les parties de la vue extérieure masquées par les murs.
Notre dossier emblématique de 2019 reste toutefois la Tour Saint-Gobain à La Défense dont la construction a été assurée par Vinci et que nous sommes en train d’équiper intégralement. L’installation est basée sur un réseau HPE et un matriçage Crestron. De tels projets sur réseau, dont on peut réaffecter à loisir les équipements audiovisuels, vont se généraliser. Nous voulons devenir un acteur incontournable de l’audiovisuel sur IP et sa « softwarisation ».
La Maison de l’audiovisuel fonctionne-t-elle comme une vitrine de vos savoir-faire ?
Ce site, qui se distribue sur deux plateaux (bureaux, stocks dissociés projet ou maintenance, atelier), réunit en effet tous les principes d’intégration audiovisuelle que nous proposons à nos clients. Les postes de travail de pilotage d’affaires (sept équipes sur le site) sont aussi directement prévus pour le coworking, tout comme l’espace de direction. Nos espaces de réunion sont conçus pour leur usage, point essentiel de notre métier, et équipés pour permettre une collaboration inter-sites simplifiée pour chaque situation : avant-vente, ingénierie, intégration, webinars, etc.
Enfin, la Maison comporte un « salon » qui tient lieu d’espace d’exposition modulaire permettant, sur 170 mètres carrés, d’organiser tout type d’événement. En mode auditorium par exemple, nous allons mettre en lumière un principe d’intégration ou un lancement de produit. Ou montrer à nos clients, avant la signature, un POC (Proof of Concept) de leur projet (simulation 3D en soutenance, prototype fonctionnel). Tous nos aménagements mettent en valeur nos partenaires industriels stratégiques (Crestron, Barco, Cysco, Nec…) avec lesquels nous entretenons des relations étroites, dont nous connaissons le road map, auquel il nous arrive même de participer, et enfin qui possèdent le moindre taux de panne…
Le pôle opérationnel est équipé, entre autres, d’imprimantes 3D. À quel usage les réservez-vous ?
Dans notre métier d’intégrateur, nous faisons en sorte de soigner nos installations et qu’elles s’intègrent avec élégance dans leur environnement comme ces moniteurs se rétractant sur simple commande. Chaque détail a son importance. Lorsque nous avons à équiper par exemple une salle de réunion, nous prévoyons des sorties de câbles ou des supports adaptés comme des collerettes pour le passage des câbles au travers du mobilier de la salle. Ces pièces sont fabriquées sur mesure avec des imprimantes 3D et font l’objet de petites séries. Il nous arrive aussi de mettre au point des outils afin de réduire le nombre de manipulations en phase de déploiement de nos équipements.
Vous réservez à l’AOC (Audiovisuel Operation Center) une place stratégique. En quoi consiste ce service ?
Nous accordons une grande importance aux tâches de maintien en conditions opérationnelles et au suivi au quotidien des équipements de nos installations, y compris la gestion du parc. L’ouverture de la Maison a été pour nous l’occasion de mettre au point un centre des opérations audiovisuelles particulièrement performant, qui nous faisait défaut auparavant, et qui nous permet d’assurer le suivi d’un « ticket » (dysfonctionnement sur un équipement). Comme nous avons une vue instantanée de toutes les installations, dès qu’un équipement tombe en panne, une remontée d’alarme nous parvient. Nous sommes en mesure de rétablir une installation en quatre heures partout en France.
Ce centre nous permet aussi d’assurer une maintenance pro-active et surtout de proposer un contrôle audiovisuel à distance comme allumer ou éteindre un moniteur, le paramétrer, changer de sources… Une équipe est affectée uniquement à ce service. Tout notre site fonctionne d’ailleurs sur ce principe. Le mur d’images du centre opérationnel avec son serveur qui le contrôle illustre donc parfaitement ce que nous pouvons proposer à nos clients.
Cette prise de contrôle des installations à distance ne provoque-t-elle pas des réticences de la part de certains clients ?
Les DSI (Directions des systèmes d’information) sont très au fait de ce contrôle à distance du réseau, mais son adoption est effectivement nouvelle dans le monde de l’audiovisuel. Il a fallu attendre l’arrivée de l’IP pour que les installations deviennent aisément supervisables. Aujourd’hui, les réticences de nos clients disparaissent peu à peu, d’autant que nous savons sécuriser le dispositif de bout en bout. Il y a de moins en moins de clients réfractaires à ce service pour des raisons de sécurité.
Article paru pour la première fois dans Sonovision #19, p. 78-80. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder, à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.