TEST : Sony PXW-X70

Le caméscope nippon, dévoilé il y a déjà un peu plus d’un an, bénéficie dorénavant en option du format 4K. nous l’avons testé pour vous.
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Le PXW–X70 vous a été présenté une première fois à sa sortie dans MediaKwest ; nous allons revenir sur certains aspects déjà préalablement abordés, mais avec cette fois l’expérience d’une utilisation en tournage réel. Nous aborderons également la spécificité du format 4K, aujourd’hui disponible en option par « simple » télé- chargement… Vous remarquerez que le « simple » est entre guillemets. 

 

Une ergonomie comparable à celle d’un canon XF105

Le caméscope PXW–X70 est en réalité une déclinaison d’un outil grand public baptisé FDR-AX100. Ce n’est pas la première fois que Sony adapte une version pro à partir d’un outil amateur. Il y a plus de 15 ans maintenant, l’expérience faisait légion avec les formats DV (souvenir, souvenir). Comme à chaque fois, si le boîtier reste identique au modèle grand public, de nombreuses améliorations (indispensables à une utilisation professionnelle) apportent une valeur ajoutée au produit.

Parmi ces dernières, nous pouvons citer : un écran LCD de meilleure facture, une poignée amovible intégrant deux connectiques XLR et leur module de contrôle (choix des entrées, alimentation, boutons de volumes…), de même que des filtres ND, une connectique 3G-SDI, ou encore un double slot à carte SD. 

Les dimensions très compactes de l’appareil (130,3 x 180,9 x 287 mm, pour un poids de 1,4 kg) le lassent dans la catégorie de caméscopes discrets et faciles à transporter dans n’importe quelle circonstance. Un atout précieux, pour ceux qui, comme moi, tournent des reportages et documentaires en mode JRI, c’est-à-dire sans cadreur, ni aucune aide extérieure. Le gain de poids est syno- nyme de libération ; il implique cependant quelques adaptations en terme d’utilisation, compte tenu de la miniaturisation de l’ensemble.

 

Un objectif et un capteur très judicieux

Sur l’objectif Zeiss (un x 12 de très bonne fac- ture) on ne trouve qu’une seule bague. Celle- ci peut-être dédiée – au choix – au réglage de la mise au point, à l’ouverture de l’iris, ou encore à la valeur de zoom. Juste en dessous, une molette vient compléter le dispositif en pouvant être assignée également aux mêmes usages. La configuration la plus évidente, et certainement la plus courante chez les utilisateurs de ce type de caméscope est une assignation de la bague (sans butée de fin) au focus, de la molette à l’obturateur, tandis que le zoom est maîtrisé par les commandes électriques (une sur la poignée, la seconde sur le corps caméra à proximité de la main). Le capteur 1 pouce de 20Mpx (14 millions effectifs pour la vidéo) différencie de manière conséquente le PXW–X70 de ses concurrents, lesquels, pour le moment en tous cas, se contentent le plus souvent de capteurs 1/3 de pouce. Assez à l’aise dans les conditions de basse lumière, le capteur 1 pouce offre surtout l’avantage de pouvoir jouer avec une faible profondeur de champ. Dans le cas d’une interview par exemple, on isole aisément le personnage filmé de l’arrière plan.

Bref, il est aujourd’hui possible de faire avec ce petit caméscope, ce qui était réservé jusqu’à présent aux boîtiers photos ou aux caméscopes à grands capteurs plus encom- brants. Passons sur le zoom numérique x24, qui, bien que de qualité (notamment en définition 4K) reste selon moi à proscrire, et parlons du stabilisateur optique, indispen- sable, lui, en exploitation du caméscope à la main. Ce dernier utilise, semble-t-il, une partie du capteur ; il est donc préférable de le désactiver lorsque le PXW-X70 est placé sur un pied.

 

La 4K, mode d’emploi

De base, le caméscope Sony enregistre en trois formats (XAVC, AVCHD ou DV pour ceux que le format standard intéresse encore). Lors de l’enregistrement au format XAVC, la PXW-X70 utilise l’extension de fichier MXF, qui compresse la résolution Full HD (1920 x 1080) à l’aide du codec HD MPEG-4 AVC/H.264. La caméra est dotée d’un échantillonnage 4:2:2 10 bits avec la compression Long-GOP à 50 Mbit/s, 35 Mbit/s ou 25 Mbit/s. L’image pro- curée en condition de plein soleil ou de voile nuageux est très belle, la présence des filtres, comme sur un appareil de plus grande taille, permet une bonne maîtrise de l’image. 

Mais la grande nouveauté du PXW-X70 est l’exploitation du format 4K, en option. Il en coutera 500 euros (pour l’achat de la licence) à celui qui veut upgrader le firmware de l’appareil. Le caméscope est commercialisé (avec une seule mini batterie et un chargeur) aux environs de 2 300 euros HT. Sony livre une clef d’activation 4K dans une petite boîte, avec mode d’emploi. Si le constructeur se veut rassurant et propose également un tutoriel, la démarche « d’auto upgrade » me semble assez complexe ; mieux vaut peut-être négocier avec le revendeur chez qui vous achetez la licence, afin qu’il se charge lui-même de la mise à jour. Cette dernière semble en effet nécessiter un peu de patience ! La caméra qui nous a été prêtée par Visual Impact était déjà pourvue du module optionnel 4K (ouf !).

Dans ce format, la mémoire des deux cartes SD est très sollicitée ; mieux vaut, donc, disposer d’unités de 64 Go. L’image procurée en 3840 x 2160 en 25p, 24p ou 30p à 60 Mbit/s est de très bonne qualité. Dans de bonnes conditions de prise de vue, la 4K prend tout son sens. Zoomer dans l’image sans la dégrader devient possible. Mais attention, une ombre au tableau demeure, et il s’agit bien du tableau des caractéristiques des différents formats d’enregistrement. À y regarder de plus près, l’enregistrement 4K du PXW–X70 s’effectue en 4 :2 :0 8 bits et non en 4 : 2 :2 ! C’est vraiment dommage. Si nous avons pu lire les rushs à partir de Premier Pro CC 2015, sur un Mac Pro de 2010, nous n’avons pu en revanche monter sans saccade. Mais cela est dû sans aucun doute à notre configuration informatique et non au format d’enregistrement délivré par Sony. 

 

Un beau produit, presque abouti...

Pour être totalement transparents, nous n’avons pas testé les différents modes wi-fi (qui permettent le  contrôle à distance de la caméra) ni même les options de transfert direct vers un serveur FTP. Cependant après plusieurs heures d’utilisation en condition réelle de tournage, nous pouvons assurer que le PXW–X70 est un bon caméscope. Avec son prix attractif, il permet de travailler de manière complètement professionnelle, tout en conservant un outil ultra compact. D’une ergonomie comparable à celle d’un Canon XF105, par exemple, il bénéficie en plus d’un capteur 1 pouce et de l’enregistrement en 4K.

Dommage, néanmoins, que ce dernier ne soit qu’en simple échantillonnage 4 :2 :0, tandis que l’enregistrement HD s’effectue bien en 4 :2 :2 ! Ce choix, certainement économique et de positionnement du produit dans la gamme Sony, relativise tout de même assez largement l’intérêt même de l’option 4K. En effet, comment un client professionnel, intéressé par le tournage en UHD, ne peut-il exiger un échantillonnage 4 :2 :2 pour un traitement de qualité en postproduction ?

Cela est évidemment essentiel pour l’habillage, les effets et l’étalonnage. Quelques petits détails nous ont rappelé aussi que nous sommes sur un modèle de caméscope qui conserve une origine grand public. Par exemple, les micros HF Sony peuvent êtres directement alimentés par le porte-griffe situé sur l’appareil, mais pas par celui de la poignée, qu’il faut donc retirer. La plus-value de cette alimentation interne et donc très limitée. De même, il faut prendre garde à ne pas se faire piéger par la fermeture involontaire en simultané de l’œilleton et de l’écran LCD qui coupe automatiquement l’alimentation du PXW X70.

Mais ce ne sont que de petites remarques. Si vous désirez un caméscope très compact avec un capteur 1 pouce pour un prix relativement accessible, alors n’hésitez pas.