Shariiing for You, la collaboration au service des idées

La crise sanitaire a bouleversé la façon de travailler. Les outils collaboratifs se sont imposés, et dans cet esprit la société Immersion a sorti en quelques semaines Shariiing for You.
Shariiing for you, une solution multi plateforme gratuite qui favorise le travail collaboratif. © DR

Cette solution reprend l’esprit de Shariiing Advanced, avec une différence importante : elle est mise à disposition gratuitement. Un entretien avec Christophe Chartier, PDG d’Immersion.

 

Pourriez-vous faire la genèse de votre nouvelle solution de collaboration à distance, Shariiing for You, mise à disposition gratuitement. Quel élément motivant a déclenché cette proposition ?

Shariiing Advanced, que vous connaissez, répond à des problématiques de travail collaboratif, local ou distant, entre des sites, des salles de réunion, des lieux d’accueil, des personnes désireuses de partager de la 3D. Cette offre répond principalement à des lieux physiques.

Dans la roadmap de ce produit, nous avions planifié de faire évoluer cette version pour adresser l’individu, de plus en plus mobile. Avant même la Covid-19, nous étions déjà en distanciel, faisions de l’expertise à distance. Mais la version Shariiing Advanced a du mal à répondre pleinement à toutes ces problématiques, tout simplement parce qu’elle s’appuie sur les réseaux d’entreprise et non sur le Web. Ce choix technique avait été retenu pour répondre aux enjeux de sécurité de nos clients grands comptes qui nous disaient : « Nous, le web, vous oubliez, il n’y a pas la sécurité ».

L’équipe de Grégoire, notre responsable du soft, a depuis travaillé sur une version web qui devrait arriver en fin d’année ou début d’année prochaine avec l’idée d’être attaché à l’individu pour venir se connecter avec les lieux et assurer le continuum de son travail collaboratif.

Cette offre, qui est toujours dans la roadmap, doit permettre d’agréger plus facilement tous les périphériques de réalité augmentée, les dispositifs de casques. La réalité augmentée, pour le net par exemple, c’est de l’expertise à distance, cela peut avoir du sens de la mettre au sein de la collaboration.

 

Et le confinement est venu perturber votre roadmap initiale…

Quand le confinement est apparu, ma première réaction a été de mettre tout le monde au chômage partiel. Et de réfléchir plus posément à ce qui allait se passer, comment faire face à la situation. Nous avons très vite constaté que c’était le calme plat, nous l’avons tous vécu.

À Immersion, nous n’avons pas forcément réactivé d’emblée les équipes. Nos clients connaissaient la même situation de chaos. Les installations se sont stoppées. Nous avons bloqué, dans un premier temps, les développements logiciels et notre personnel est resté chez lui, pour sa sécurité sanitaire, effectué la mise en conformité des locaux, ce qui est le cas actuellement.

Aujourd’hui, petit à petit, les activités de négoce se réactivent assez vite. Nous n’avons pas perdu de business, notre activité est très soutenue, plutôt traitée à distance par Marc et nos équipes (trois personnes). La logistique réception-expédition a continué de fonctionner pendant toute la période de confinement. L’activité d’intégration de grandes salles redémarre progressivement, nous commençons à re-planifier des installations.

La situation est plutôt positive, mais concernant les grandes salles de Réalité Virtuelle, les grands donneurs d’ordre sont prudents pour le moment et mettent souvent leur projets entre parenthèses. A la marge de la situation sanitaire et quelle que soit la typologie de clients, depuis quelques années déjà, on sentait un mouvement vers des solutions plus légères. Il s’accélère.

 

Mais pourquoi avoir sorti Shariiing for You à cette période précisément ?

Tous les matins, pendant le confinement, j’en avais un peu assez de voir une grande marque française dans le domaine de la beauté vanter les mérites d’une solution de visioconférence américaine sur BFM. Mes enfants suivaient également leur cours à distance via des solutions étrangères. J’ai pensé : « Tout de même, en France, nous avons les capacités de faire aussi bien ! ».

Le déclic est venu de Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, qui début avril, face au Sénat, a déclaré : « Il faudrait peut-être un peu plus de souveraineté technologique, numérique. Nous avons des acteurs en France ! ».

L’idée m’est alors venue que nous pouvions y contribuer à notre petit niveau, en développant un vrai outil, pas seulement au sens marketing ou pour faire du buzz. Nous nous devions de le mettre gratuitement à disposition des écosystèmes pour favoriser le rebond. Telle est la genèse du projet !

 

Comment avez-vous procédé ?

J’ai appelé Grégoire et lui ai dit : « Écoute, on se donne un timing très court, remet les équipes en fonctionnement. En juin, je voudrais qu’on ait un produit sur le web, mais qui assure tout de même la souveraineté des données ».

Notre grande chance est de ne pas partager des datas mais des pixels. Nous nous appuyons sur des serveurs français, OVH en France. Je ne vais pas crier cocorico, mais j’ai trouvé que c’était un minimum. Nous avons donc défini la roadmap qui offre, je pense, un vrai service.

Au-delà du service gratuit, nous voulions un vrai outil différenciant. Il nous fallait mettre à disposition un outil né de la genèse de projets de recherche autour de la gestion de crise : « Comment je fais pour prendre les bonnes décisions ? ».

Dans ces moments chaotiques au cours desquels les entreprises doivent décider vite, avec des équipes pluridisciplinaires, nous avons développé notre vision autour de ce qu’on appelle la Common operational picture, la COP.

Les militaires utilisent beaucoup cette image qui permet de faire adhérer des gens aux profils totalement différents. Cette image commune pouvait avoir un sens un peu différenciant d’un Skype, d’un Teams, d’un Whatsapp, d’un Zoom.

Nous avons tous fait des visioconférences avec plusieurs personnes. Très rapidement, nous nous sommes aperçus que très souvent nous coupions notre caméra parce que la bande passante n’était pas là, que nous n’avions pas envie de partager notre intimité. Les séances se sont donc souvent terminées en audioconférence !

 

Qu’apporte Shariiing for You de plus par rapport aux services que vous avez cités ?

La force de Shariiing for You est que huit personnes puissent vraiment partager la référence commune, et chacun son document. Ce nombre est une limite d’usage, les bonnes décisions se prennent en groupe de 6 à 8 personnes, au-delà cela devient compliqué.

C’est pourquoi nous avons volontairement bridé Shariiing for You à huit personnes. Chacune d’entre elles peut à tout moment partager un document ou un flux, un contenu, qui devait être la référence pour tous : « Je partage mon PDF et les autres le voient à la même échelle ».

Chacun peut faire des annotations éphémères pour pointer la même référence. Nous sommes vraiment dans cette dynamique, avoir une approche un peu différente des outils de visioconférence. D’ailleurs, nous ne souhaitons pas leur être comparés.

Shariiing for You émane du fruit des sciences cognitives, de design. Le produit se veut aussi très facile d’accès avec très peu de boutons, un peu sexy, engageant, pour que les personnes l’adoptent plus facilement. Si on ne prend que Teams ou Skype, franchement ils ne sont pas super attractifs, sans doute parce qu’intégrés dans un système très lourd.

Shariiing for You n’est pas un gadget. Nous lui avons appliqué une fonction souvent demandée par nos clients, le remote access, expertise à distance. Le partage très aisé de la caméra de son téléphone, tablette ou ordinateur va permettre à quelqu’un devant faire intervenir la maintenance, d’appeler l’expert, avoir comme référence commune la visio de la caméra sur le téléphone se trouvant devant lui. Il ne sait pas quelle pièce changer, l’opérateur va pouvoir pointer, l’accompagner. Nous connaissons tous ces fonctions, c’est la même problématique pour le bâtiment.

Shariiing for You est gratuit, pour autant nous ne nous moquons pas des utilisateurs, il s’agit d’un vrai outil qui ne nécessite l’installation d’aucun logiciel. Il suffit de se rendre sur le site shariiingforyou.com et l’utilisateur lance sa réunion, invite les participants. La solution est compatible avec l’ensemble des plateformes et passe à travers les PM. Nous avons rencontré quelques problèmes au début avec des systèmes aux sécurités accrues, mais nous avons réussi à y pallier, consolidé le tout, et aujourd’hui les perspectives sont larges.

 

Quel premier bilan dressez-vous ?

Le lancement fut positif avec quelques centaines de connexions. Nous allons renforcer notre visibilité, investir davantage. Nous enregistrons une bonne vision, peu de retours négatifs. Très vite, on nous demande comment nous allons vivre avec ce produit gratuit et quelle est sa roadmap.

Nous allons conserver la gratuité, faire quelques évolutions concernant le lancement des invitations (qui impose actuellement d’envoyer un lien quelques minutes avant la réunion), développer des compatibilités avec Outlook. Mais cette version gratuite n’est pas amenée à beaucoup évoluer.

En fin d’année 2020 ou début d’année prochaine, nous prévoyons tout un tas de fonctionnalités : des visios de multidocuments, de tableaux blancs, d’annotations définitives, de référentiels communs, d’annuaires, puisqu’on sera amenés à pouvoir facturer. Les clients attendent un outil générique susceptible d’agréger.

Nous avons une mission d’agrégateur d’outils, et c’est un peu sur cette vision que nous travaillons pour marquer notre différentiel. Nous ne proposerons pas de solution pour parler à cinq cents personnes, tel n’est pas notre objectif. Nous nous adressons aux PME-PMI et aux petites équipes des grands groupes qui ont besoin de travailler en efficacité. Notre positionnement diffère donc un peu des autres acteurs du marché.

 

Vos utilisateurs sont-ils vos clients habituels ou avez-vous touché une nouvelle population ?

Indubitablement, une nouvelle population ! Il est toujours plus facile de trouver des utilisateurs chez de nouveaux clients que chez ses clients habituels. Nos clients historiques ne nous voient pas forcément sur ce créneau, mais sur des casques et autres. Certains de nos clients grands comptes l’ont testé mais nous pensons que le déploiement ne viendra pas d’eux, mais plutôt des PME-PMI.

 

Y a-t-il compatibilité entre cette version et la version classique ?

Aujourd’hui ce n’est pas complètement vrai. Je serais capable de faire quelque chose de similaire avec Shariiing Advanced, mais pas de façon simple. Par contre la version de fin d’année sera complètement imbriquée dans la vision de Shariiing Advanced. L’offre de Shariiing est maintenant segmentée pour le lieu (Shariiing for Workplaces) et l’individu (Shariiing for You), avec un vrai lien. Et le côté Shariiing for You va permettre de ramener les casques, les Hololens, la réalité augmentée, l’expertise à distance, l’itinérant, le télétravail.

Avec la Covid-19, nous nous sommes rendus compte de tout ce que nous devions rajouter dans l’outil pour que nos valeurs transpirent un peu. Nous n’inventons rien, mais mettons un peu de bon sens, de bienveillance dans le soft, pour que celui qui est à distance ne soit pas totalement isolé.

Nous l’avons vécu ici avec des jeunes qui développent Shariiing,et qui ont demandé à revenir en physique. Jamais je n’aurais pensé qu’ils seraient demandeurs Depuis vingt-cinq ans, nous accompagnons les formations, les méthodes de travail. En interne, nous proposons désormais quand c’est possible une hybridation entre rester chez soi et venir au bureau.

J’avoue que j’ai aussi beaucoup grandi au cours de la Covid-19 en matière de confiance. Nous avons été obligés de faire confiance à notre personnel et je ne suis pas déçu. L’équipe Shariiing, par exemple, est attachée à ce défi : concevoir un Shariiing for You dans un temps court, avec un objectif bienveillant pour l’écosystème. Il fallait que cet outil gratuit marche, qu’il ne soit pas un fake.

Il y a quelque chose à trouver en matière de modes de travail et je pense que Shariiing peut accompagner ces changements. L’idée est de vraiment de mettre nos valeurs au cœur de nos produits, de nous nourrir de tout ce que nous avons tous vécu et continuons à vivre.

 

Justement, c’est un peu notre question finale, comment voyez-vous cette rentrée, les semaines à venir ?

Travailler à distance nécessite de la présence. Bien sûr, nous établissons des règles, il ne faut pas être plus nombreux que la réglementation nous impose, porter le masque, etc. La confiance est pleine, peut-être pouvons-nous nous le permettre parce que nous sommes une petite entreprise, nous nous connaissons bien, la situation est peut-être différente dans un grand groupe. Quoi qu’il en soit, nous sommes contents de nous revoir.

Néanmoins, je pense qu’on ne pourra pas se voir tous les jours. Nous allons trouver un format, nous voir le lundi (jour de réunion) et le vendredi pour faire le bilan et se retrouver autour de moments conviviaux. Il faudra sans doute garder ces moments au cours desquels se crée le partage et vient l’inspiration.

Il en va certes différemment pour la logistique, l’expédition, activités qui demandent une présence. Chez nous, la comptabilité est là physiquement, mais la contrôleuse des gestions ne vient plus que trois jours par semaine. La société trouve son équilibre dans cette organisation et le personnel son équilibre de vie, c’est visible sur les visages.

 

EN QUELQUES MOTS…

Développé par Immersion, Shariiing for You est une solution 100% Web. D’un simple clic et sans rien installer, les utilisateurs partagent l’intégralité de leur écran, une fenêtre en particulier ou même leur environnement grâce à la caméra de leur smartphone ou tablette. Au cours de la réunion, jusqu’à 8 informations peuvent être partagées en même temps et l’ensemble de l’équipe peut passer instantanément de l’une à l’autre. Tous les participants discutent ainsi autour de cette vision commune qu’ils peuvent pointer simultanément et en temps réel, pour être sûrs de bien se comprendre.

 

Pour en savoir plus, consulter www.shariiingforyou.com

 

Article paru pour la première fois dans Sonovision #20, p. 22-25. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.