3 questions à un spécialiste en projets audiovisuels pour les expositions

Spécialisée dans la coordination technique de projets audiovisuels, la société Cadmos (Montreuil) s’est fait un nom dans le monde de l’art contemporain en intervenant sur les installations vidéo de Pierre Huyghe, Sophie Calle (etc.) ou les expositions comme Bill Viola, So far so Goude... Rencontre avec son dirigeant, Roman Hatala.

 

Sonovision : Comment abordez-vous un site devant accueillir une exposition immersive ?

Roman Hatala : Nous commençons par définir la taille des images projetées (en nombre de pixels). De cette résolution d’affichage va dépendre le rapport du public à l’image. À quelle distance doit-il se trouver ? Jusqu’où peut-il s’en approcher ? Quel est son parcours ? La perception d’une image en effet n’est pas la même si elle est projetée à des résolutions différentes. Une autre étape consiste à déterminer l’implantation des projecteurs dans l’architecture qui joue, dans ce modèle, un rôle très important. Puis nous cherchons à minimiser les ombres portées : le public ne devant pas entrer dans le cône de projection. Il faut donc optimiser les faisceaux afin de dégager le plus possible de surface au sol. Mais tout ce que nous avançons reste des préconisations. Ce sont aux équipes créatives de jouer avec ces échelles et rapports avec l’espace.

 

S. : La définition de l’image peut-elle se moduler en fonction du parcours ?

R. H. : Nous essayons de conserver une cohérence dans les échelles surtout pour les équipes créatives qui réalisent les médias car il est difficile de jongler avec des résolutions différentes. Il arrive, en fonction des technologies choisies, de préconiser des zones mieux définies : le public pourra alors se rapprocher plus des images. Il faut aussi prendre en compte la duplication des médias qui seront diffusés dans d’autres espaces, et donc leur adaptation. Celle-ci oblige parfois à les recalculer, voire à revenir à l’étape de la conception.

 

S. : À l’instar du vidéo mapping, l’exposition immersive nécessite-t-elle une écriture spécifique ?

R. H. : L’enjeu de ces dispositifs réside plus dans le contenu (sujet, narration, etc.) que dans la technique de projection. Car il faut connaître les codes de ce média, surtout dans son rapport avec l’espace. Comme ce type de projection demeure encore lourd à gérer (il faut des Téra de données pour produire une seconde) et que le temps de production des pixels reste assez long, il est essentiel que les créatifs expérimentent ces nouvelles narrations, à échelle un, dans des lieux comme l’Atelier des Lumières. Voir en effet ses images projetées à une échelle monumentale change fondamentalement la manière de concevoir un projet.

 

Extrait de l’article paru pour la première fois dans Sonovision #18, p.48-52. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder, à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.