Le Salon ISE est devenu en vingt ans l’événement de référence autour de l’intégration et de la communication audiovisuelle. Le déménagement sur Barcelone, en 2021 contrarié par le Covid, fut un choix ambitieux. Il s’avère payant pour une édition qui s’annonce historique.
C’est une édition très spéciale du salon ISE (Integrated Systems Europe) qui se déroule du 30 janvier au 2 février prochain. Que pouvez-vous nous dire sur les temps forts de ce vingtième anniversaire ?
Mike Blackman : C’est vrai que nous avons préparé beaucoup de nouveautés pour nos visiteurs, et j’ai hâte qu’ils viennent fêter avec nous cette étape importante. La toute première édition du salon s’est tenue à Genève en 2004, la suivante à Amsterdam, celle de 2006 à Bruxelles… puis de 2007 à 2020 nous sommes restés à Amsterdam. C’est désormais à Barcelone que l’on peut retrouver le salon ISE, et l’édition 2024 sera la plus grande à ce jour !
Au moment où nous parlons, nous avons d’ores et déjà 20 % d’inscrits en plus par rapport au salon 2023 ; nous sommes également au-dessus de notre record historique, enregistré en 2019.
Au menu, en 2024, il y a notamment une chasse au trésor avec des prix à la clé pour les participants ; dans le hall 8 nous avons préparé l’« ISE Audio Experience » ainsi qu’un musée de l’audio qui présentera des appareils qui ont marqué l’histoire de l’audiovisuel ; un nouvel atelier consacré au développement durable sera également intégré dans le cycle de conférences ; l’espace d’exposition sera plus grand, avec deux nouveaux halls et un agrandissement de la « Multi-Technology Zone » ; et enfin, nous avons de nombreux nouveaux exposants, donc beaucoup de start-up.
Nous avons d’ailleurs conclu pour l’édition 2024 un partenariat avec l’organisation Plug and Play, afin de proposer aux start-up un espace où elles peuvent exposer leurs projets à de potentiels investisseurs, partenaires, clients, etc.
Le dimanche soir avant le coup d’envoi du salon, nous avons une nouvelle fois proposé un mapping sur la célèbre Casa Batlló d’Antoni Gaudi, dans le centre de Barcelone. Environ 50 000 personnes s’étaient rassemblées pour admirer le spectacle de l’édition précédente. Ce son et lumière a été conçu par l’artiste Sofia Crespo, qui présente également un keynote pendant le salon. Des keynotes sont d’ailleurs organisés tous les jours, avec des experts du secteur qui viennent partager leurs idées. En somme, un très beau programme !
Et quel a été votre parcours à vous pendant ces vingt dernières années ?
Vingt ans de plaisir ! La direction d’ISE est le plus beau poste de ma carrière. Au tout début, quand j’ai été contacté par le chasseur de têtes, j’étais à la tête de ma propre entreprise ; il m’a dit : « Mike, ce rôle est fait pour toi » et c’est vrai que j’y ai tout de suite vu un grand potentiel. J’aimais l’idée d’être non plus un consultant, mais un décideur. Ensuite, quand je me suis rendu pour la première fois au salon InfoComm/Cedia, j’étais comme un enfant dans un magasin de jouets. Toutes ces solutions sophistiquées m’ont beaucoup impressionné : je suis un véritable passionné de technologie, et c’est pour moi une chance incroyable d’être là au moment des plus grandes annonces. Je peux voir de très près l’évolution et la croissance de ce marché. Ce que j’ai fait depuis mes débuts à ISE, c’est donc de rencontrer le secteur, le découvrir, m’y intégrer et enfin contribuer à son développement.
Êtes-vous angoissé avant le début du salon ?
J’en fais même des cauchemars ! Le plus gros, c’était bien sûr avant l’édition 2020. Le tout premier salon, à Genève, m’a également beaucoup marqué. C’est toujours difficile de prévoir comment se passera la première édition d’un événement, et nous avions donc les yeux rivés sur les chiffres des inscriptions. Il y avait environ 120 exposants, ce qui était moins qu’espéré mais tout de même suffisant pour faire un bon salon. Lorsque nous avons ouvert les inscriptions en ligne, nous avons rapidement vu beaucoup de participants d’Afrique et je me suis dit : « Ah ! C’est un grand marché potentiel, ça promet ! ». C’est quand le salon a ouvert ses portes et qu’aucun de ces premiers inscrits ne s’est présenté que nous avons compris que ces inscriptions étaient tout simplement des tentatives d’obtenir un visa professionnel. Cette première expérience nous a donc beaucoup appris en matière d’attentes, d’organisation des inscriptions, etc.
Vous avez parlé de deux nouveaux halls ; sont-ils consacrés à des thématiques en particulier ?
Non, il s’agit surtout d’agrandir l’espace proposé aux exposants. Le hall 4, par exemple, était occupé l’an dernier par le sommet de l’Internet des objets (IoT) ; le salon ISE a bénéficié de cette proximité en attirant des visiteurs du monde de l’informatique, mais pour l’édition 2024 nous avions vraiment besoin de cette surface pour les exposants et le sommet IoT a donc été déplacé en mai.
Pour ce qui est des espaces thématiques, l’étage inférieur du hall 8 est consacré aux salles de démonstration audio et accueille deux fois plus d’exposants. Les amateurs d’audio professionnel ont d’ailleurs de la chance, car cet espace de démonstration est facilement accessible en métro et en bus, à partir de l’entrée nord de la Fira. Autre espace thématique, le hall 1 sera dédié à l’éclairage et à la scénographie, avec encore une fois des exposants plus nombreux.
La production de contenus est-elle également en croissance ?
Absolument. Nous avons notamment de nouveaux exposants dans ce secteur, comme Ross et Blackmagic qui ont de grands stands. De plus, nous organisons quelques événements dont une reproduction sur maquette, dans le hall 4, du mapping dont je parlais tout à l’heure, projeté sur la Casa Batlló au centre-ville avant le salon. Ainsi, ceux qui n’ont pas pu profiter du spectacle le dimanche soir peuvent tout de même découvrir la technologie utilisée pour ce mapping. Il y a aussi une salle de projection dédiée à la création de contenus, ainsi que la présence de différents acteurs de ce secteur, dont TV3.
Les visiteurs de l’an dernier se souviendront du keynote par le représentant de la coupe de l’America, qui avait montré comment les organisateurs avaient créé les contenus pour cette course ; la coupe sera également au salon ISE en 2024, avec la présentation d’un record de vitesse sur terre décroché par l’équipe de Nouvelle-Zélande.
La zone consacrée aux drones est de retour, elle aussi ?
Oui ! En fait, nous avons proposé cette zone à Amsterdam pendant de nombreuses années, et c’était une véritable réussite. Nous avons enfin trouvé un partenaire pour le salon de Barcelone, et il présente la manière dont les drones peuvent jouer un rôle dans le secteur de l’audiovisuel. On retrouve de plus en plus de drones dans ce secteur et pas seulement pour filmer des contenus. Par exemple, on propose maintenant des spectacles faisant appel à des chorégraphies nocturnes de drones lumineux. Et ce sont justement des entreprises du secteur de l’audiovisuel qui organisent ce type d’événement.
En ce qui concerne les aspects économiques, l’année 2023 n’a pas été très bonne en France ; avez-vous observé une tendance similaire en Europe ? Comment voyez-vous l’année 2024 ?
Les ventes ont été bonnes en 2023 ; le problème, c’était l’approvisionnement. Et c’est vrai dans tous les secteurs : beaucoup d’entreprises étaient tout simplement incapables de faire face à la demande. La relance est en cours, mais elle prendra un certain temps.
Continuez-vous de développer les conférences ou estimez-vous avoir atteint le bon volume ?
Nous avons de conférences en 2024, puisqu’il s’agit de notre programme le plus riche à ce jour. Ce sont Cedia et Avixa qui organisent les conférences ; la plupart sont en anglais, mais il y en aura également en espagnol. Dans tous les cas, nous proposerons une traduction simultanée à l’aide de l’application Kudo, un partenaire dont la solution s’appuie sur l’IA pour traduire en temps réel dans une trentaine de langues. Les conférences seront ainsi accessibles aux visiteurs du monde entier.
Lorsque le salon a ouvert ses portes en 2023, il y avait une foule très importante et il était parfois difficile de circuler. Avez-vous fait des changements pour l’édition 2024 ?
Tout à fait. Même si c’est très positif de voir le salon rencontrer un tel succès, je dois reconnaître que l’expérience n’était pas idéale pour les visiteurs. Nous avons donc énormément travaillé pour revoir notre copie, ce qui nous a conduits à plusieurs décisions. L’une d’elles est d’ouvrir les halls 1, 2 et 8 une heure avant les autres, afin de mieux répartir les arrivées dans le temps. Ensuite, nous avons augmenté le nombre de points d’entrée : c’est pourquoi nous encourageons les visiteurs à se rendre à l’entrée qui correspond à leurs centres d’intérêt – par exemple le hall 8 pour les démonstrations audio – afin de réduire leur temps d’attente. De plus, nous ouvrirons dès 9 heures la grande passerelle qui surplombe tous les halls : ainsi, les visiteurs pourront attendre l’ouverture de leur hall de prédilection immédiatement devant son entrée, et y entrer dès l’ouverture à 10 heures.
Quelles tendances observez-vous en matière de visiteurs internationaux ?
Les chiffres sont excellents, avec notamment un grand retour des visiteurs allemands et une nouvelle croissance du visitorat français, qui représentera en 2024 une part des visiteurs internationaux plus importante que jamais auparavant. La France étant le troisième plus grand marché audiovisuel d’Europe, c’est très positif. Beaucoup de visiteurs viendront d’Amérique latine, d’où notre décision d’organiser une série de conférences spécifiques pour cette région. Enfin, la Scandinavie et le Royaume-Uni sont eux aussi de plus en plus représentés. Le salon ISE a une présence internationale bien affirmée.
Quels sont vos conseils pour profiter au mieux du salon ?
Mon conseil principal est de télécharger l’appli. Elle vous permet de trouver un exposant, le restaurant ou les toilettes, de connaître le programme des conférences, de découvrir de nombreuses opportunités pour développer votre réseau, de suivre l’évolution du marché… Un autre conseil, c’est de profiter de Barcelone. La ville est très agréable, et n’hésitez pas à arriver un jour avant le salon ou à partir un jour après. C’est très important, de prendre le temps de se détendre !
Article paru pour la première fois dans Sonovision #34 p.12-14