L’ISE 2022 devait marquer le « reboot » des salons internationaux et l’événement était largement attendu par la profession. Il faudra toutefois patienter quelques semaines de plus puisque le salon a été reporté de février à mai.
En décembre dernier, nous avons interviewé Mike Blackman et fait un tour d’horizon de l’engagement des organisateurs. Cette édition sera celle d’une transition, avec un nombre d’exposants moindre, restrictions sanitaires obligent, mais il y aura des innovations et un savant dosage entre présentation, formation et acquisition des connaissances grâce à un large programme de conférences.
À quelques semaines de l’ouverture du salon ISE, quels sont les retours des exposants et partenaires ?
Tout d’abord, nous bénéficions d’un important appui des géants du secteur ; nous avons fait une visioconférence il y a quelques jours à peine avec les principaux fabricants d’écrans, qui nous ont réitéré leur soutien. Ils tiennent à ce que le salon ISE ait bien lieu, et sont convaincus que la communauté de l’audiovisuel en général a tout intérêt à se retrouver de nouveau en personne. Bien sûr, nous sommes tous préoccupés par les différents variants du virus qui circulent ; pour l’instant je suis serein, même si on ne peut jamais prédire l’avenir. Quand la pandémie a commencé, je pensais qu’elle ne durerait que trois mois… c’était il y a bientôt deux ans et nous ne savons toujours pas ce que demain nous réserve ! Je me tiens informé de la situation et le site de l’OMS indique que le variant Omicron est certes plus contagieux, mais également moins agressif, ce qui est encourageant. Nous aimerions tous que le Covid disparaisse pour de bon, mais il est probable qu’il deviendra plutôt comme la grippe, c’est-à-dire une maladie saisonnière aux symptômes bénins.
Il faut aussi ajouter que l’Espagne prend la pandémie particulièrement au sérieux après des débuts difficiles : le taux de vaccination, par exemple, y est de 82 %, et à Barcelone ce chiffre dépasse 86 %. Les autorités ont réagi, et les pays méditerranéens – très touchés lorsque la pandémie a commencé – affichent maintenant des taux d’incidence parmi les plus faibles d’Europe. Nous sommes en contact régulier avec les autorités sanitaires qui souhaitent que le pays reste ouvert et, pour l’instant, n’envisagent pas une fermeture des frontières : bien sûr, cette stratégie s’accompagne de mesures sanitaires pour assurer la tranquillité des touristes et des professionnels qui se rendent en Espagne. De nouvelles restrictions ont été mises en place dans les restaurants, et les centres des congrès comme la Fira sont soumis à une règlementation moins stricte ; nous prévoyons cependant, pour le salon ISE, d’aller au-delà de ce que nous imposera la loi. Il s’agit avant tout que les visiteurs soient à l’aise et c’est à nous d’instaurer les bonnes conditions pour cela.
L’édition 2022 sera en quelque sorte un « redémarrage » du salon ; comment cela se passera-t-il ?
Ce salon sera d’abord moins grand que les précédents, notamment parce que beaucoup de nos exposants chinois rencontrent des difficultés pour obtenir un visa. La situation est également compliquée pour les Russes, dont le vaccin Spoutnik n’est pas reconnu par les autorités sanitaires européennes. Je suis au téléphone chaque jour avec des partenaires russes qui recherchent une solution pour se rendre au salon ISE 2022.
Pour l’instant, nous avons environ 730 stands réservés (à date de janvier 2022) et c’est sans compter les stands groupés ; ceux-ci, qui seront organisés une fois les inscriptions finalisées, permettent à plusieurs dizaines d’organisations d’être représentées sur le même stand. Historiquement, nous avions environ 1300 entreprises inscrites et un millier de stands individuels, ce qui signifie que notre fréquentation en termes d’exposants a baissé d’environ 30 %. Les inscriptions sont cependant toujours ouvertes et nous continuons d’en recevoir tous les jours, ce qui ne manque pas de me faire sourire ! Ce n’est pas en 2022 que nous battrons des records, mais les chiffres sont tout de même très encourageants. Parmi les obstacles qui demeurent, il y a bien sûr l’incertitude des exposants potentiels, dont certains attendent le dernier moment avant de s’inscrire. Ce que je peux affirmer, c’est qu’à moins d’un reconfinement généralisé, le salon ISE 2022 aura bien lieu.
Avez-vous de bons rapports avec les autorités de Barcelone ?
Nous n’aurions pas pu espérer mieux : la ville nous a toujours apporté son soutien total, que ce soit la maire elle-même, son adjoint ou différentes organisations municipales. La mairie nous appelle régulièrement pour nous inclure dans différentes initiatives liées à notre secteur et le gouvernement régional de Catalogne est lui aussi très actif sur ce plan. Il y a deux semaines, j’ai d’ailleurs été invité au lancement d’un nouvel incubateur pour les entreprises de l’audiovisuel à Barcelone, baptisé Palo Alto, où j’ai pris la parole aux côtés de l’adjoint à la maire de Barcelone et de la vice-présidente du gouvernement espagnol. Tous ont manifesté leur enthousiasme vis-à-vis du salon ISE et, de manière générale, du dynamisme de ce secteur. J’ai également appris, pas plus tard qu’hier, que la ville de Barcelone s’était dotée d’un budget de 3 millions d’euros visant à attirer des salons et événements professionnels, ce qui démontre que les autorités soutiennent non seulement le secteur de l’audiovisuel, mais aussi celui de l’événementiel, c’est-à-dire justement les deux facettes d’ISE !
Pensez-vous que l’annulation du salon IBC aura pour vous des retombées positives ?
Ça me désole toujours d’apprendre qu’un événement a été annulé, car cela ne peut qu’avoir des conséquences négatives pour le secteur. Certains de nos exposants ont augmenté leur budget ISE à la suite de cette annulation, donc nous bénéficions à contrecœur, mais je n’ai bien sûr qu’une envie, c’est de voir la reprise du salon IBC, d’autant plus que nous ne sommes pas concurrents : il y a un léger chevauchement, mais il s’agit au fond de marchés très distincts. L’IBC concerne tout ce qui se passe derrière la caméra, tandis qu’ISE s’intéresse plutôt à ce qu’il y a devant l’écran. En tout cas, j’ai vraiment de la peine pour l’équipe du salon IBC, qui a préparé l’événement pendant onze mois pour finalement l’annuler à la dernière minute.
L’édition 2022 maintiendra-t-elle les événements virtuels qui avaient été organisés en 2021 ?
Nous avons énormément appris dans ce domaine au cours des deux dernières années ; si ce format présente des avantages évidents pour les visiteurs, c’est en revanche plus difficile d’assurer la satisfaction des exposants. Nous avons donc préparé, en plus des nombreux contenus pour les visiteurs, une série d’initiatives destinées aux exposants. Et puis il faut souligner que notre secteur doit surmonter un obstacle supplémentaire : nous travaillons avec des technologies audiovisuelles qu’il faut pouvoir vivre en conditions réelles. À travers l’écran d’un ordinateur, c’est une expérience très différente. Une autre dimension essentielle de notre activité est celle des rencontres, de la convivialité, et c’est donc là que nous faisons le plus d’efforts.
Comment seront organisés les cinq halls du salon ? Suivrez-vous le même modèle qu’à Amsterdam, ou avez-vous d’autres idées ?
Au tout début, à Genève, nous n’avions que 120 exposants et l’espace était suffisamment petit pour qu’on puisse avoir le salon entier, ou presque, sous les yeux. À l’époque, nous trouvions cela très positif car cela signifiait qu’un visiteur pouvait tomber sur une solution dont il ne savait même pas qu’elle pourrait lui changer la vie ! Ensuite, bien sûr, le salon a grandi en taille, mais également en durée puisqu’il s’étend à présent sur quatre journées et même ceux qui viennent y passer quatre jours ne peuvent pas voir tout ce que nous avons à offrir. C’est pourquoi nous avons commencé, à Amsterdam, à organiser le salon par thèmes, de manière à ce que chacun puisse planifier sa visite pour utiliser au mieux son temps.
Aujourd’hui, à Barcelone, l’agencement du site nous permet de restructurer une fois de plus le salon. Nous avons donc des halls « multi-secteurs », où seront présents des acteurs comme Crestron, Samsung ou encore LG, actifs dans de nombreux domaines, et puis des halls consacrés à des thématiques plus ciblées : immeubles intelligents, solutions collaboratives – un secteur en pleine croissance –, signalétique numérique, éclairage, formation. Le but de cette démarche est à la fois d’aider les visiteurs à préparer leur venue et d’aider les exposants à trouver leur public.
Avez-vous prévu des activités spécifiques au sein du salon ?
Bien sûr ! Nous savons qu’il est important, dans le cadre d’un salon professionnel, de proposer également des contenus indépendamment des exposants : ateliers, présentations, etc. Le salon ISE proposera donc trois scènes, qui accueilleront des événements thématiques comme les immeubles intelligents, la signalétique numérique ou encore les espaces de travail. Une des scènes offrira même des présentations en espagnol. Au final, les visiteurs auront donc accès à de nombreux contenus et conseils indépendants. Nous sommes également en train de finaliser l’organisation de différentes initiatives en marge du salon et espérons pouvoir faire une annonce à ce sujet peu après Noël. En résumé, les visiteurs trouveront certainement l’inspiration !
Concernant la répartition géographique des visiteurs, attendez-vous surtout des professionnels du sud de l’Europe ou pensez-vous que les pays plus au nord seront bien représentés lors du salon ?
Lorsque nous étions à Amsterdam, la première région représentée était le Benelux, d’où venaient 25 % des visiteurs. Nous savions bien sûr que cette part diminuerait avec notre départ pour Barcelone, mais dans tous les cas nous continuons de représenter la communauté de l’audiovisuel. Les chiffres actuels indiquent que le principal pays d’origine de nos visiteurs sera le Royaume-Uni – ce qui est naturel, puisque le pays possède le plus important marché audiovisuel d’Europe –, suivi de notre pays d’accueil, l’Espagne, puis de l’Allemagne, de la France, des pays scandinaves… L’Europe du nord, où se trouvent des marchés clés du monde de l’audiovisuel, est donc bien représentée, même si nous enregistrons effectivement une augmentation du nombre de visiteurs venant d’Espagne, de France et d’Italie.
En guise de conclusion, qu’avez-vous à dire aux visiteurs ?
Nous avons hâte de vous y retrouver, et les exposants aussi. Tous les fabricants nous ont d’ores et déjà annoncé qu’ils auront de nouvelles solutions à présenter. En venant à Barcelone, vous ferez d’une pierre deux coups : vous découvrirez de nouveaux produits et vous retrouverez vos partenaires et confrères, autant d’éléments qui ne manqueront pas de donner un nouvel élan à votre activité. Nous avons par ailleurs conclu des partenariats avec Vueling, qui vous proposera des vols à prix réduit depuis de nombreuses villes d’Europe, et Bnetwork qui vous aidera à trouver un logement sur place. Barcelone est une ville qui offre une grande diversité à ce niveau, de l’hôtel cinq étoiles au bed and breakfast familial. Et puis… je ne promets pas que vous pourrez bronzer sur la plage, mais il fera certainement plus chaud qu’à Amsterdam !
Article paru pour la première fois dans Sonovision #26, p. 12-15