Une décision qui a, bien évidemment, des impacts chez les exposants et les visiteurs, en espérant que la crise sanitaire sera derrière nous à ce moment-là. Une interview avec Mike Blackman, directeur général de l’Integrated Systems Europe.
Stephan Faudeux : « Comment les exposants ont-ils réagi à la décision de reporter l’événement ?
Mike Blackman : Les réactions ont été mitigées. Nous sommes restés en contact avec les exposants tout au long de l’année. Nous avons demandé au comité des exposants à quelle date, au plus tard, ils devaient être informés d’un éventuel report. Leur réponse a été fin octobre ou début novembre. Dès lors, quelle que soit notre décision, nous nous sommes engagés à ne pas la prendre au dernier moment : les exposants ont en effet une série de préparatifs à effectuer en amont du salon, ce qui engendre des coûts, et nous ne voulions évidemment pas qu’ils dépensent de l’argent pour rien. C’est pourquoi, au vu de la situation et de nos échanges avec de nombreux exposants – dont beaucoup nous ont fait part de leur préoccupation concernant le mois de février –, nous avons commencé très tôt à envisager d’autres dates.
Nous étions déjà en communication avec la Fira de Barcelone avec qui nous avons étudié différents scénarios possibles et, une fois une date arrêtée, nous avons pu faire l’annonce. La question de la proximité avec le salon InfoComm, qui se tiendra en juin à Orlando, s’est bien sûr posée, mais aucune des autres dates envisagées ne convenait. Certains exposants, notamment basés aux États-Unis, craignent de ne pas avoir assez de temps entre les salons de Barcelone et d’Orlando et nous regardons actuellement ce que nous pouvons faire pour leur faciliter la vie.
Quoi qu’il en soit, la majorité des exposants souhaitent que l’édition 2021 ait bien lieu, avec une préférence pour le mois de juin. Une trentaine d’entre eux ont dû renoncer pour des raisons de logistique, mais plus de 750 ont tout de même confirmé leur présence.
Le salon ISE restera-t-il fondamentalement le même ?
Nous tenons, bien sûr, à organiser un salon qui réponde aux attentes à la fois des exposants et des visiteurs et ce, dans un environnement serein : nous collaborons donc avec la Fira Barcelona pour adopter une série de mesures visant à réduire les risques liés à la Covid. Les différentes mesures sont basées sur un scénario « pessimiste », c’est-à-dire avec distanciation sociale et port du masque obligatoire, même si nous espérons que la situation se sera améliorée d’ici juin prochain.
Le secteur a subi un ralentissement au cours des derniers mois, avez-vous remarqué des changements majeurs ?
C’est évidemment dans le secteur de l’événementiel que l’on observe les effets les plus visibles. En Europe et dans de nombreuses régions du monde, de véritables réactions en chaîne ont eu lieu : l’annulation d’événements entraîne une importante baisse d’activité dans la location de matériel, qui se répercute à son tour sur l’activité des fournisseurs, et ainsi de suite. La pandémie représente donc un sérieux revers pour ce secteur.
À l’inverse, le domaine de la collaboration en ligne se porte relativement bien, avec une explosion des solutions de réunion virtuelle. Ainsi, une bonne partie du grand public ignorait jusqu’à l’existence de Zoom avant février 2020 et ce nom est maintenant dans tous les esprits. Certains gouvernements, notamment en Allemagne, parlent même d’instaurer un droit au télétravail, tandis que de grandes entreprises disent à leurs employés de ne pas revenir au bureau.
Le secteur de la signalétique est également touché, puisque dans de nombreuses grandes villes les rues autrefois très passantes se sont vidées ; enfin, les entreprises n’investissent plus dans leurs salles de réunion, celles-ci n’étant pas utilisées.
La situation actuelle a donc donné lieu à de nombreuses complications, mais elle a également créé des opportunités : certains acteurs ont redoublé de créativité pour organiser des événements en ligne qui, même s’ils ne sont pas comparables aux événements réels, représentent la seule possibilité viable.
C’est souvent lors du salon ISE que sont annoncés de nouveaux produits ; pensez-vous que les fabricants soient prêts à reporter leur communication au mois de juin ?
Nous ne le savons pas encore. Ce que nous savons, c’est qu’un certain nombre de fabricants maintiennent les lancements prévus pour le début de l’année 2021, tandis que d’autres ont eu des retards dans leur production. Nous attendons donc que la situation s’éclaircisse, mais je peux d’ores et déjà vous dire que certains lancements de produits auront bien lieu à l’occasion du salon ISE ; sans doute moins que les années précédentes, mais il subsiste encore beaucoup d’inconnues dans l’équation.
Quelle est votre stratégie de communication auprès des visiteurs d’ici à juin prochain ?
C’est très important pour nous de rester en contact avec nos clients, c’est-à-dire aussi bien les exposants que les visiteurs. Ces derniers veulent être tenus au courant et c’est pourquoi nous avons adopté une stratégie numérique incluant l’envoi de newsletters, la publication de webcasts ou encore l’organisation d’événements virtuels. En plus d’informer les visiteurs, ces initiatives permettent également aux exposants de rester en contact avec eux en amont du salon, en juin.
Notre stratégie numérique sera également très active pendant le salon lui-même, puisqu’il s’agira d’un événement hybride avec une forte composante numérique. Nous espérons que les visiteurs hors UE pourront se rendre à Barcelone, mais il est important que tous ceux qui ne souhaitent pas – ou qui ne peuvent pas – voyager aient tout de même accès aux nombreuses informations qui seront présentées à l’occasion du salon ISE.
Selon vous, le secteur devra-t-il se réinventer ?
Le secteur a déjà commencé à se réinventer et de nouvelles solutions voient déjà le jour. D’ailleurs, certains produits sanitaires ont été mis au point par nos clients ! Par exemple, des acteurs de l’audiovisuel fabriquent des filtres à rayons UV et, grâce à leur expertise dans ce domaine, ils peuvent créer des filtres à air qui éliminent de nombreux virus, dont la Covid-19. Il y a donc une grande créativité et une recherche de nouvelles solutions dans le secteur.
Pour conclure, avez-vous un message positif pour les visiteurs ?
À mon avis, le secteur de l’audiovisuel se porte très bien : il crée des solutions exceptionnelles qui ont un grand impact sur notre quotidien et, si vous souhaitez découvrir les dernières nouveautés, les salons comme celui d’ISE restent incontournables. »
UN ISE 2021 EN MODE HYBRIDE
En 2020, lors de la dernière édition qui se tenait à Amsterdam, l’ISE a enregistré plus de 116 000 visites. Il n’en sera sans doute pas de même en 2021 car certains pays risquent d’être encore touchés par des restrictions de déplacements. Toutefois, le salon va s’adapter et proposera un mode hybride permettant aux visiteurs trop éloignés de pouvoir se connecter à distance. Pour les visiteurs qui se rendront sur place, il est prévu de maintenir les tarifs des hôtels (au prix de février). Des informations plus précises sur le programme de conférences devraient être dévoilées début 2021. Cette date de juin 2021 n’est pas définitive, il est prévu à terme de revenir sur le mois de février pour éviter notamment l’interpolation de date avec InfoComm. Cette année, il y aura une semaine d’écart entre l’ISE et InfoComm.
Article paru pour la première fois dans Sonovision #21, p. 12-13. Abonnez-vous à Sonovision (4 numéros/an + 1 Hors-Série) pour accéder à nos articles dans leur totalité dès la sortie du magazine.
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