Créé en 1913 par Jacques Copeau, le Théâtre du Vieux-Colombier devient en 1993 la deuxième salle de la Comédie Française ; institution culturelle française majeure fondée en 1680 et résidant depuis 1799 Salle Richelieu au cœur du Palais-Royal dans le 1er arrondissement de Paris.
La création du Théâtre du Vieux-Colombier s’inscrit dans son projet de ‘rénovation dramatique’, en rupture avec l’activité commerciale des théâtres des Grands boulevards, Rive droite.
Instaurant un principe d’alternance, il y mène une intense activité avec sa compagnie, notamment avec Charles Dullin et Louis Jouvet en tant que régisseur général. En 1924, Copeau part défendre un théâtre de tréteaux en Bourgogne, mais la création artistique perdure dans ce théâtre, qui s’ouvre au fil des directions successives au cinéma d’avant-garde puis au jazz. Menacé de disparaître, il est racheté par l’État, en 1986, et devient, le 9 avril 1993, la deuxième salle de la Comédie Française.
Le Théâtre du Vieux-Colombier a connu une profonde rénovation de ses infrastructures scénographiques au cours des derniers mois, notamment au niveau du cintre, des réseaux scéniques, des assises (…). Son système de diffusion électroacoustique a également été totalement repensé, en étroite collaboration avec Philippe Lagrue, Directeur Technique et Dominique Bataille, créateur polymorphe, ingénieur du son et compositeur proche du Théâtre du Vieux-Colombier depuis de longues années.
Dominique Bataille officie à la Grande Halle de la Villette dans les années 1990, avant de collaborer avec Patrice Chéreau et Jean-Pierre Vincent au Théâtre Nanterre-Amandiers. Depuis 2009, il compose régulièrement pour la Comédie-Française. Parallèlement, il travaille avec les compositeurs Pascal Dusapin, James Dillon, Wolfgang Mitterer et Oscar Bianchi.
Le dispositif électro-acoustique imaginé par Amadeus et Dominique Bataille est désormais articulé autour du processeur de son spatial HOLOPHONIX développé par Amadeus, en collaboration avec le STMS (Sciences et Technologies de la Musique et du Son) ; laboratoire fondé en 1995 et hébergé à l’IRCAM associant le CNRS, Sorbonne Université, le Ministère de la Culture et l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique.
Dominique Bataille compte par ailleurs parmi les premiers utilisateurs, exploitants et bêta-testeurs du processeur HOLOPHONIX. Il a grandement participé à son développement, notamment dans la définition des principales fonctionnalités essentielles à la création théâtrale et de leur ergonomie.
Imaginé selon une représentation semi-sphérique, enveloppant au maximum les spectateurs et adapté aux contraintes parallélépipédiques, techniques et esthétiques de la salle, le dispositif de diffusion sonore principal est articulé autour de 23 haut-parleurs fabriqués par Amadeus et du processeur de son spatial HOLOPHONIX.
Dix Amadeus PMX 8 MKII sont subtilement intégrées au sein des ‘arches’ latérales de la chaleureuse charpente en bois, rappelant la coque d’un bateau renversé, dans la proportion de cinq par côté sur toute la profondeur du parterre.
Le dispositif est complété par huit Amadeus PMX 5 MKIV également intégrées dans les ‘arches’ supérieures, en position zénithale.
Le système frontal de type L/C/R est composé de trois enceintes triaxiales Amadeus C15 récemment parues et co-développées avec le Théâtre National de Chaillot.
Le système de renfort infra-grave est articulé autour de deux enceintes ABB 15 à profondeur réduite, initialement développées pour le Théâtre des Abbesses, expliquant cette acronymie (ABB).
« Une vingtaine de haut-parleurs Amadeus MPB 200 B – datant de la précédente réhabilitation en 1993 – ont été conservés par le Théâtre du Vieux-Colombier. Ceux-ci sont parfois utilisés en tant que points de diffusion ponctuels, au plateau, dans le cintre ou dans les dessous, au gré des projets et des créations. Ils participent à toutes ces illusions spatiales que nous avons plaisir à imaginer et à proposer au théâtre. Ils sont de fait déclarés en tant que ‘sorties virtuelles’ de bus et traités par le processeur HOLOPHONIX selon différentes techniques de spatialisation, » évoque Dominique Bataille.
Le processeur HOLOPHONIX permet par ailleurs de mixer, de réverbérer et de spatialiser des matériaux sonores provenant de divers dispositifs selon différentes techniques de spatialisation et de combiner ces techniques (ou algorithmes) en temps réel.
Il offre un nombre quasi-illimité de bus (ou spatialisateurs), chacun pouvant exécuter un algorithme de spatialisation embarqué et notamment Higher-Order Ambisonics (2D, 3D) Vector-Base Intensity Panning (2D, 3D), Vector-Base Amplitude Panning (2D, 3D), Wave Field Synthesis, Angular 2D, k-Nearest Neighbor, Stereo Panning, Stereo AB, Stereo XY, Native A-Format Ambisonics, Native-B Format Ambisonics, Binaural.
« Il y a plus de trois ans déjà, Christian Hecq et Valérie Lesort relevaient le défi de créer, avec Vingt mille lieues sous les mers, un spectacle ‘tout public’ pour acteurs et marionnettes. Le spectacle sera nommé quatre fois aux Molières et remportera celui de la meilleure création visuelle, lors de la 26ème cérémonie des Molières. Après une tournée sur les routes de France la saison dernière, le spectacle est revenu sur la scène de sa création au Théâtre du Vieux-Colombier du 7 novembre 2018 au 6 janvier 2019, » évoque Dominique Bataille, compositeur de la création sonore liée au spectacle, dont la durée avoisine les 90 minutes.
« Lors de sa ‘reprise’ au Vieux-Colombier en 2018, la création sonore initiale, réalisée au moyen de techniques traditionnelles a ainsi pu être retravaillée, optimisée, complétée et magnifiée au travers des nouveaux outils de mixage (orienté objet) et de mise en espace désormais installés au Théâtre du Vieux-Colombier. Les différentes techniques spatialisation (ou poly-algorithmie) disponibles au sein du processeur HOLOPHONIX offrent un champs créatif quasi-infini. Nous avons ainsi pu réaliser nos propres captations ambisoniques, directement injectées dans HOLOPHONIX sans décodage, déplacer des centaines de matériaux sonores en deux ou trois dimensions, au moyen de commandes OSC, recréer un espace sonore intriguant, oppressant, un véritable voyage dans le fond des abîmes au moyen des réverbérateurs embarqués (…) » précise Dominique Bataille.