À partir d’avril 2016, réorganisation de la diffusion de la TNT

Le 5 avril 2016, la diffusion de la TNT va connaître un bouleversement du même ordre que lors de l’arrêt de l’analogique en novembre 2011. Le but est de libérer des fréquences en haut du spectre UHF pour les attribuer aux opérateurs de télécommunications mobiles. À cette occasion, toute la diffusion TV passe au MPEG-4 et bascule en HD. Mais durant une période de deux ans, les fréquences des émetteurs vont être réorganisées et conduiront parfois à modifier les antennes collectives.
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Lors des précédentes Conférences Mondiales de Radiocommunications, organisées par l’UIT, il a été décidé de réattribuer aux opérateurs de télécommunications la bande des 700 MHz affectée jusqu’à présent à la diffusion TV. Cela à la fois pour des raisons techniques (les ondes UHF portent plus loin et pénètrent mieux les bâtiments) mais aussi industrielles pour harmoniser au niveau mondial les gammes de fréquences utilisées par les terminaux mobiles. En France le gouvernement a lancé, en novembre dernier, une procédure d’enchères destinée à l’attribution de ces fréquences aux quatre opérateurs de téléphonie mobile.

Profitant de ces modifications, et pour tenir compte de cette réduction de l’espace hertzien affecté à la télévision, il a été décidé de réorganiser la diffusion de la TNT en basculant toutes les chaînes nationales en HD (sauf Paris Première et LCI) et d’arrêter le simulcast SD/HD pour TF1, France 2, M6 et Arte. Pour limiter le débit numérique, la diffusion en MPEG-2 est arrêtée et le codage MPEG-4 sera employé systématiquement pour la HD et les quelques programmes encore émis en SD, en particulier certaines chaînes locales. Ces choix ont obligé le CSA à réorganiser les huit multiplex actuels pour les réduire à six.

Qui est concerné ?

Suite à la réorganisation des multiplex, le mardi 5 avril 2016 au matin, tous les téléspectateurs recevant la TV par une antenne râteau (soit environ 57 % des foyers selon l’Observatoire du CSA de l’équipement audiovisuel des Français – étude Médiamétrie réalisée au printemps 2015) devront lancer une recherche de chaînes dans le menu « installation » de leur téléviseur ou de leur décodeur TNT. Ceux dont l’équipement est strictement MPEG-2 ne recevront plus aucune chaîne TV à partir du 5 avril 2016. Tous les téléviseurs vendus depuis 2012 (et depuis 2009 pour ceux de plus de 66 cm de diagonale) sont compatibles HD, donc équipés d’un décodeur MPEG-4 et continueront à recevoir la télévision le matin du 5 avril 2016.

Pour vérifier la compatibilité MPEG-4 de son téléviseur ou de son décodeur, le CSA et l’ANFR proposent un test très simple à effectuer avant le 5 avril 2016. Il suffit de sélectionner le programme reçu sur la touche n° 7 (et éventuellement la touche n° 57) sur son téléviseur ou de son décodeur. Si le logo Arte HD apparaît à l’écran, cela signifie que l’équipement TV est compatible MPEG-4. Ceux pour qui le test est négatif devront au choix remplacer leur téléviseur ou s’équiper d’un nouveau tuner TNT MPEG-4 vendu pour 40 € environ. Il faudra penser à tester tous les téléviseurs du foyer car les appareils relégués dans la chambre ou à la cuisine sont souvent plus anciens.

Les téléspectateurs recevant la TV par l’ADSL, la fibre optique, Canalsat ou le câble, grâce à un décodeur propriétaire ne sont pas concernés. Par contre les utilisateurs du service gratuit de TNT par satellite (TNT Sat ou Fransat), doivent faire le test des touches 7 et 57 et s’équiper d’un nouveau tuner satellite en cas d’échec du test. L’étude Mediamétrie citée plus haut chiffre à 7 % les foyers (soit 1,8 million) qui reçoivent la TV par l’antenne râteau et qui ne disposent d’aucun équipement HD. Ceux qui possèdent encore un téléviseur à tube cathodique ne sont pas obligés de le remplacer, car bon nombre de décodeurs TNT HD MPEG-4 en vente sont encore équipés de prise péritélévision. L’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) a été chargée de coordonner les actions d’informations et a mis en ligne de nombreux documents d’informations sur le site dédié : www.recevoirlatnt.fr.

Une opération en deux étapes

L’opération prévue au cours de la nuit du 5 avril concerne le codage des émissions et l’organisation des multiplex. Mais il ne faut pas oublier l’objectif initial : l’arrêt des émetteurs fonctionnant dans la bande des 700 MHz. Or cette modification concerne plus de 1 600 sites et demande un travail beaucoup plus important au niveau des émetteurs, avec parfois une réorganisation des canaux d’émission. Elle est donc étalée dans le temps et se déroulera jusqu’en juin 2019. Pour chaque région – à une date qui n’est pas encore fixée de manière définitive – la réorganisation des canaux d’émission exigera de relancer une recherche de chaînes sur son téléviseur ou son décodeur TNT. Pour les installations d’antenne collective, si celle-ci est de type active et à amplification monocanal, des travaux d’adaptation seront à prévoir et les antennistes risquent d’être débordés au moment du basculement. À noter que pour la région Île-de-France la réorganisation des fréquences d’émission se déroulera également le 5 avril 2016.

De nombreux lieux d’hébergement collectif (hôtel, hôpitaux, prisons, maisons de retraite…) ne renouvellent pas régulièrement leurs parcs de téléviseurs pour des raisons économiques évidentes. Des parcs de récepteurs sont encore uniquement compatibles MPEG-2. L’arrêt définitif de cette norme de codage dès le 5 avril 2016 provoquera un écran noir sur ces appareils et va créer sans aucun doute de l’acrimonie, car la TV constitue le principal loisir dans ces lieux de vie. Pour les parcs de réception très importants avec une tête de réseau conséquente, les constructeurs d’équipements d’antennes collectives et de traitement TV proposent des solutions de transcodage MPEG-4 vers MPEG-2 mais hélas assez onéreuses. Il ne reste plus que quelques semaines pour étudier le problème ou sensibiliser leurs responsables afin d’éviter de nombreuses déceptions dès le matin du 5 avril 2016.